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white blood // côme

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Côme Kowalski
Côme Kowalski
2015-11-22, 22:53
Tu as l'air stupide, à t'être levé juste pour avoir l'occasion de le regarder droit dans les yeux. Tu pourrais attirer son attention, ou - cas le plus extrême - lui agripper la tête et la tourner vers toi ; mais cela ne te ressemble, ce n'est pas assez sophistiqué. Tu préfères ne pas perdre ton élégance ; résultat, tu te tiens debout comme un idiot, à lui clamer ton nom, et attendant le sien en retour. Tu lis dans son regard, également. Pour quelqu'un comme toi, ses yeux sont un livre ouvert ; et tu vois une chaleur nouvelle les envahir, une chaleur qui n'était pas là jusque là. Et tu te demandes aussi s'il ne se produit pas la même chose que toi. C'est une rencontre ; le moment où vous décidez que vous ne serez plus jamais des inconnus, mais que vous allez vous connaître. Il doit s'en réjouir, intérieurement. Sans doute s'était-il persuadé qu'un homme comme toi n'avait nulle raison de lever la barrière qui vous séparent ; qui plus est, il a raison. Si tu étais vraiment celui que tu prétends être, tu ne le ferais pas. Tu ne t'abaisserais pas à son niveau - car c'est ainsi que tu vois les choses, c'est toi qui descends, pour lui, parce qu'il ne pourra pas monter à ta hauteur. On te pardonne cette vision hautaine quand on sait à quel point cela te coûte de surmonter cette différence, toi qui ne vis que pour le statut social. Mais tu le vois comme un être humain, voilà tout ; pas une cible potentielle, pas un passant dont tu n'as fait que croiser le chemin, non, c'est une vraie personne qui se trouve en face de toi. Une personne qui est touchée par ton geste.
Et tout à coup, tu comprends pourquoi on ressent parfois le besoin de faire plaisir aux autres.
Mais tu ne le fais pas pour lui seul. Tu le fais pour vous deux. Parce que vous avez tous les deux besoin de compagnie, tu le sens ; vos solitudes vous pèsent trop, et vous savez que vous ne pourrez jamais trouver un remède chez vos semblables. Dans ton cas, parce que tes semblables ne sauraient compatir à tes mensonges. Toutefois, l'idée que lui aussi peut tirer quelque chose de ta présence ne te déplaît guère ; tu trouves même la situation désirable. Tu te rappelles, Côme, combien tu désires l'attention des autres ; tu l'as toujours voulue parce que c'est elle qui apporte la lumière à ton astre. Sans regard tourné vers toi, tu n'es rien. Son regard à lui ne t'éclaire pas ; il ne t'anéantit pas non plus. Il est paisible de se trouver sous ses yeux, même si tu sais qu'il te juge comme tu le juges. Et alors ? ne peut-on pas apprécier quelqu'un, quand bien même on souligne ses défauts ? Toi, tu y crois, tu veux y croire.
Tu veux que ce soit le début, tout simplement.
Même si tu ignores le début de quoi.
Et il t'étonne encore, ton inconnu. Tu as déjà compris que tu ne pourrais pas le comprendre, mais tout de même. Qui viendrait te prendre la main, et qui y dépose un baiser, comme on le ferait à la femme qu'on aime ? Est-ce un présage ? Est-ce un jeu, une façon de se moquer de toi ? Tu l'ignores ; toutefois, le geste a accompli son objectif : tu es troublé. Ton cerveau se bloque un instant, tes pensées se figent ; tu ne sais plus quoi faire ; et seul la découverte de son prénom parvient à remettre le système sur les rails.
Alex.
Il s'appelle Alexíus mais tu sens que ce nom ne lui va pas tout à fait ; qu'Alex, c'est bien plus fait pour lui. C'est plus expéditif, plus passe-partout ; de quoi cacher des origines plutôt originales, même si tu ne sais pas trop d'où cela peut venir. Ta première intuition serait d'un pays nordique ; mais tu n'en sais absolument rien, dans le fond. Ça pourrait être d'ailleurs ; il faudrait que tu cherches. Et tu sais déjà que tu vas rechercher ; tu ne le lui demanderas pas, non, ce n'est pas du jeu. C'est comme s'il t'avait envoyé d'un défi, et tu comptes bien le relever.
Cachant la main qu'il a attrapée à l'autre, comme si tu ne savais pas quoi en faire, tu écoutes sa toute nouvelle proposition. Et tu hallucines. Autant les questions, ça ne te dérange pas, autant la pizza. Tu ne peux pas t'empêcher de demander :
« Dis-moi, Alex. Est-ce que j'ai une tête à acheter des pizzas, par hasard ? »
C'est bien plus une question rhétorique, car il est évident que non, tu n'en as pas mangé beaucoup, des pizzas, dans la vie. Il n'y a pas besoin de te connaître beaucoup, ça se sent dans ton apparence. Si ça se trouve, c'est bon ; mais, tout à ta fierté, tu t'es toujours fermement refusé à en manger sans avoir une bonne raison de le faire. Est-ce de ta faute si tu préfères les plats raffinés ? Mais il faudra t'y faire, Côme. Vous ne venez pas du même univers, lui et toi, et l'emmener dans un restaurant gastronomique reviendrait à jeter de l'argent par la fenêtre. Tu n'es pas avare... mais quand même un peu, par moments.
Toutefois, tu soupires et tu acquiesces doucement.
« D'accord. D'accord. Admettons. Du moment qu'ils acceptent la carte bleue, ça ne devrait pas être un problème... ils l'acceptent, dans ce genre d'endroits, n'est-ce-pas ? »
Par pitié, Côme, tu t'enfonces, arrête de dévoiler ainsi toute ton innocence des choses du monde. Tu tends le bâton pour te faire battre, et tu peux être sûr qu'il va rire de ton ignorance. Oui, même toi, tu peux paraître naïf. Mais soit. Ce n'est pas comme si tu avais envie de le cacher, tu penses qu'il l'a déjà compris depuis longtemps. Si jamais vous inversez les situations, un jour, ce sera à toi de rire.
A présent que tu t'apprêtes à partir, tu te rends compte qu'il fait plutôt frais.
Et tu tournes le regard vers Alex, qui te paraît si dévêtu en comparaison de toi. Tes bras et ton torse sont entièrement couverts par ta chemise et ton veston ; ce n'est pas son cas. Et, alors que tu l'observes, tu te demandes s'il ne frissonne pas légèrement. Quel idiot, de sortir comme ça par un temps pareil. Les automnes et les hivers d'Equilibrium ne sont peut-être pas très froids, toutefois, si on ne s'habille pas en conséquence, on le sent passer. Tu as franchement choisi de parler avec un imbécile, Côme. C'est manifeste.
Tu récupères ta veste mais, au lieu de la porter toi, tu t'approches de lui, et, comme on le fait avec une poupée, tu enfiles le vêtement sur lui avec délicatesse, lissant soigneusement les plis avant d'ajuster le col. Puis tu te recules : le vêtement est parfaitement mis, cependant cela lui va mal, il est plus mince que toi et il nage un peu dedans, sans compter que cela jure atrocement avec le reste de sa tenue. Tu viens de blesser à mort ton sens esthétique, Côme, mais qu'importe. Puis, pour qu'il ne se méprenne pas sur ce qui semble être un véritable élan de générosité, tu t'empresses de préciser :
« Tu peux la garder, si tu veux, elle ne m'appartient pas au départ. »
Bien sûr, cela équivaut à te dévoiler un peu ; à lui signaler que tu n'es pas exactement celui dont tu as l'air, que ta fortune est illusoire. Et pourquoi pas ? Si jamais il a envie de profiter de ton argent, autant lui préciser tout de suite que tu n'en as pas beaucoup. (Évidemment, pas beaucoup, à tes yeux, constitue une somme que le commun des mortels considérerait comme confortable ; mais on ne se refait pas, Côme, tu as des goûts de luxe). Mentir te paraît inutile.
Tu lui fais donc signe d'avancer. Tu le laisses t'emmener où il veut, c'est lui qui veut manger de toute façon, et cela ne fait guère partie de tes lieux habituels. Tu découvres ; ce n'est pas si mal. Même si tu sais très bien que tu ne retourneras jamais payer une pizza, évidemment.
(Peut-être, sur ce point, te trompes-tu.)
Une premier question te vient en tête ; tu n'y as guère réfléchi, elle s'impose à toi.
« Combien de gens comptent pour toi, Alex ? »
Car tu l'as sentie, sa solitude - mais tu veux t'en assurer.
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Somnifère
Somnifère
IS IT TOO LATE NOW TO SAY SORRY ?
2015-11-23, 21:26



ft. côme
&
I’m ready to fly, uncover the light // impossible heights
Il y a un peu de fierté, dans ta voix, de réussir à sortir ton épingle de la situation -pour une fois que tu profites toi des autres, et pas les autres de toi, tu pouvais bien sourire. Il est presque gêné, l'autre, et ça vous fait au moins un point commun, pour une fois.
C'est drôle.
Vous êtes comme deux planètes -des univers à part, des poussières d'étoiles qui gravitent autour oh, des visions différentes de ces éclats sauvages, et parfois des alignements inopportuns.
Et peut-être, peut-être que vos cycles allaient être en harmonie, peut-être qu'un alignement planétaires allait annuler vos gravités -et peut-être allez-vous flotter, un jour, jusqu'à vous rencontrer, au milieu du cosmos. Au milieu des trous noirs et des comètes aux vies brûlantes, au milieu des autres, gigantesques et intouchables et seuls et ensemble et si naturellement.
Peut-être.
Ses cheveux brillants te font penser à des milliards d'étoiles filantes qui s'écrasent sur son visage -mais il est bien fait de chair, Côme. Mais il n'est pas aussi glacé que la voix lactée, Côme.
Non. Mais il y a une première fois pour tout. Et tu souris, encore. T'as toujours cette choses stupide sur le visage, depuis avant. Comme si t'arrivais plus à t'en départir, comme si ta pizza allait régler tous tes problèmes et bien plus encore. T'es stupide, Somnifère. Pffff. Bien sûr, silly. C'est dans ta nature d'insulter les gens, Alex ; une manière de mettre de la distance et en même temps de s'affranchir de ces barrières étranges. Oh, c'est bizarre, tout ça. T'es pas du genre à te demander trop de choses. Alors tu ris. Encore, toujours ; doucement, ce n'est pas vraiment moqueur. Plus une manière d'être joyeux.
C'est étrange, aussi, combien ce vide de paroles est si différent de celui d'avant. Si calme et reposant et actif en même temps, combien ces regards qui s'effleurent veulent en dire autant alors qu'ils ne se rencontrent que depuis si peu de temps.
Et c'est à lui de te surprendre. Il t'étonne, à -s'inquiéter est peut-être un peu trop fort, mais à faire attention. A être attentif à comprendre tes besoins à être suffisamment en abnégation pour prêter, si ce n'est donner. Tu ne t'y attendais pas vraiment, Somnifère, et tu crois que tu te détestes un instant d'avoir pu être si expéditif, ou peut-être juste de ne pas avoir été assez patient. Pas assez attentif. Pas assez ouvert. Tu ne sais pas vraiment.
Il s'applique quand il te l'enfile et ah, tu te sens étrange dans ces tissus trop doux -tu te sens étrange dans ces habits qui ne sont pas faits pour toi. Tu l'écoutes. Tu n'y crois pas vraiment. Oh, à vrai dire, tu n'en as rien à faire, si c'était à lui ou non. A la fin, il n'y a que les gestes qui comptent.
Il te fait signe et tu sautes sur tes pieds en un instant -c'est que ça motive, la bouffe-, et tu te rends vite compte qu'il fait bien quinze centimètres de moins que toi. Pffrt. Tu ne peux pas t'empêcher de rire en marchant de ton pas sautillant, les mains dans les poches de ton sweatpants. T'as le plan de la ville imprimé dans ta tête, déformation professionnelle, alors bien évidemment tu savais où était la pizzeria la plus proche. Tu te dirigeais vers elle tranquillement, et tombe la première sentence.
Il commence fort, Côme. Peut-être que c'est sa manière d'être, après tout. Fort. Brut, imposant. Oh, tu verra bien, sûrement. Et lui, il comprendra bien vite que tu n'arrives jamais à vraiment répondre aux questions -tu as l'impression qu'elles appellent toutes des myriades de réponses, ce n'est pas ta faute si tout te paraît juste. Beaucoup. Tu vois une tête blonde, le Soleil de tes journées ; tu vois des ailes qui se déploient et qui t'emmènent toujours plus loin ; tu vois des fumées qui s'envolent ; tu vois une main et son intraveineuse. Je crois que la question la plus importante, c'est de savoir pour combien c'est réciproque. Tu shootes dans un caillou, qui finit sa course dans un caniveau. Et là, je crois que je ne peux pas répondre. Ton pied revient sur le macadam, brutalement. Aaaaaah. Est-ce que ça compte comme un défilement ? Tu n'espères pas -t'as été honnête. Et tu veux qu'il comprenne ça. A moi. Pas une cigarette, mais une veste oui ? Etrange, huh. T'étais curieux, oui ; mais il avait toujours son échappatoire. Tu ne lui en voudra pas s'il te disait que lui aussi, il pouvait ne pas répondre. Elle- elle appartenait à qui ? Et peut-être que, tout au fond, tu ne voulais pas connaître la réponse.
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Côme Kowalski
Côme Kowalski
2015-11-23, 23:50
Tu t'inquiètes de choses stupides, Côme. Des choses pour lesquelles la plupart des gens ne s'interrogent même pas, des choses qui témoignent de ton affreuse incompréhension de ce monde. C'est tout à fait normal : tu méprises cet univers qui n'a jamais été le tien, et tu n'as jamais cherché à le comprendre. Tu n'as fait que le fuir, car dans le fond, il te fait peur. Il t'effraie parce que tu ne parviens pas à concevoir comment il fonctionne : autour de quoi ce monde-là tourne-t-il ? Quelle place l'argent occupe-t-il alors que les fortunes sont si ridiculement petites ? Comment les gens se consolent-ils de n'avoir rien ? Toi qui es placé dans cette position, tu n'arrives pas à t'identifier à eux. Tu ne t'identifies pas à Alex, non plus. Mais peut-être que c'est l'occasion d'apprendre, justement. Tu es donc ravi de découvrir que ton inquiétude était injustifiée et que, oui, les lecteurs de carte bleue ont bien envahi les restaurants populaires. Ce n'est pas si évident que cela, pour toi. Toutefois, tu laisses passer l'insulte ; elle n'est pas si méchante que cela, et tu as conscience qu'elle est justifiée. Tu peux te montrer intelligent, parfois, Côme, mais qu'est-ce que tu peux aussi briller par ta sottise. Enfin, qu'importe, tu le suis. C'est lui qui t'emmène. C'est son monde à lui.
Et ce monde, donc, que tu as toujours rejeté, considéré comme indigne de toi - parce que tu le méprisais - voilà que tu lui donnes une chance. Par l'entremise d'Alex. Tu n'as pas encore conscience de tout ce qu'il pourrait apporter, de cette ouverture qu'il t'offrirait. Alex pourrait te sortir de ta réserve, Côme, tu pourrais devenir un homme meilleur, quelqu'un qui n'a pas besoin d'abuser des autres pour obtenir l'objet de ses désirs. Quelqu'un de plus en paix avec lui-même, si tu le désirais. Mais bien sûr, tu n'en as pas encore conscience, à ce moment-là. Tu sens juste qu'il t'a pas un peu entraîné dans son sillage, que tu commences déjà à t'accorder à son rythme. Peut-être que lui aussi, au fond ; il porte ton vêtement, ce vêtement qui n'est pas à toi mais qui te ressemble bien plus à lui qu'à toi, et ça vous rapproche. La pizza et la veste de costume ; voilà les symboles de votre rencontre. En fait, Alex et toi, ça a déjà commencé. Mais tu ne le sais pas, tu ne le vois pas ; c'est à peine tangible. Cela se sent dans l'air, mais cela reste impalpable. Trop subtil pour être remarqué ; et pourtant, vous avez déjà fait un grand pas depuis le départ.
Vous marchez côte à côte.
Ce n'est pas grand-chose ; c'est qu'il est nécessaire de se tenir proche pour discuter convenablement. Et puis, peu importe s'il te dépasse tant que cela en taille, tu n'as jamais trouvé que ta taille était très grande de toute façon, tu n'as même pas conscience du nombre de centimètres que tu mesures par peur d'en être déçu. Ça ne doit pas être bien haut, selon tes critères. En fait, ce type, c'est un géant, donc tu n'as pas vraiment à te dévaloriser.
Sa réponse t'intrigue. Vraiment. C'est surtout le fait qu'il la tord, qu'il la manipule à sa guise - peut-être parce que ta question ne convenait pas, peut-être parce qu'il n'est pas dans sa nature de donner une réponse franche et directe. Oh, et puis, son objection, tu la comprends. On peut effectivement s'attacher à des gens qui ne tiennent pas à vous. Tu préfères éviter de préciser que, dans un tel schéma, tu es dans la position inverse de la sienne. Cela te paraît tout simplement... inapproprié.
« Non, ça ne compte pas comme défilement, ça me donne la réponse à ma question. » : estimes-tu, par honnêteté et par respect pour lui.
Parce que tu sais à quel point ça peut être dur d'admettre que l'on n'est pas forcément aussi aimé que l'on le voudrait être.
Tu ne cesses de le trouver esseulé, cet Alex. Tu avais remarqué qu'il approche facilement les gens, qu'il parle rapidement, tu ne t'étonnes donc guère d'apprendre qu'il y a beaucoup de gens à qui il tient ; mais tu ne t'attendais pas à avoir une telle preuve de cette solitude. C'est qu'il ne doit pas avoir beaucoup de proches, Alex. Il doit être seul souvent,  un peu comme toi, et différemment en même temps. C'est que toi, tu es hautain, tu rejettes loin de toi ceux que tu n'estimes pas être à la hauteur - c'est-à-dire la majorité des gens. Tu ne l'as pas encore fait avec lui, tu ne sais pas trop quelle en est la véritable raison, si ce n'est la découverte.
Tu ne respectes pas les gens, Côme, il ne faudrait pas t'attribuer de bonnes intentions.
Même lorsque tu lui as offert ta veste.
D'ailleurs, ça doit l'interpeller, ce que tu as dit à son propos. Le fait que tu la lui cèdes sans arrière-pensée, alors que tu rechignais pour une cigarette - tu reconnais le paradoxe qu'il te présente, il a raison dans le fond. Ça paraît tellement absurde. Mais tu souris, parce que toi, tu comprends. A ce stade, tu pourrais te défiler ; ou tu pourrais mentir, et essayer de paraître mieux que tu ne l'es. Toutefois, autant qu'il ne se fasse pas d'illusions à ton sujet. Tu n'es pas l'homme que tu parais, cet être prétentieux qui se moque des autres ; tu es infiniment pire.
Oh, mais pourquoi tu souris, franchement, Côme ?
« On dirait que tu as presque peur de poser la question, Alex. »
C'est un constat. Tu l'as entendue, l'hésitation dans sa voix - le doublement du pronom. Qu'est-ce qu'il craint, au juste ? De voir son image de toi se briser ? voyons, ce serait ridicule, il ne te connaît presque pas ; c'est au contraire le moment d'être honnête, de ne pas l'embarquer dans l'illusion. De lui prouver que tu n'as rien de stellaire, que tu es une pourriture. D'ailleurs, comme preuve de ce fait, voilà que c'est à ton tour de jouer. Tu occupes l'espace autour de toi, tu l'envahis, tu es à l'aise et ça se sent. Tu te nourris même de cette incertitude que tu sens en lui, incertitude dont il n'a pas peut-être même pas conscience ; peut-être pressent-il que la vérité ne sera pas plaisante. Ton attitude, en tout cas, le dit ; c'est celle d'un joueur, d'un homme qui considère le monde comme son terrain de jeu. Une attitude empruntée, certes, mais qui ressemble tout de même bien à ce que tu es - car c'est ainsi que tu réponds à tes désirs.
Tu ricanes. Doucement.
« Je vais faire comme toi, je ne vais pas répondre directement à ta question. Je pense que tu te fiches bien de savoir à qui la veste appartenait auparavant, tu ne le connais pas, son nom ne t'apprendra rien. »
Il se peut que tu te trompes, il se peut que ce soit une connaissance de sa part - mais tout de même. Ce sera beaucoup plus instructif, pour lui, de lui livrer la vérité, pleine et entière, dénuée d'artifice.
« La cigarette, je l'ai payée avec mon propre argent. Elle m'appartenait en propre et je n'avais guère envie de m'en défaire. Je n'ai rien déboursé pour obtenir la veste, je n'ai donc aucune raison de m'y attacher plus que de raison. »
Tu dois l'effrayer, avec ta logique tordue ; et pourtant, c'est bien ainsi que fonctionne ton cerveau. L'argent, toujours l'argent : c'est tout ce qui t'intéresse, et tu meurs de n'en pas avoir assez. Tu lui accordes une valeur démesurée. Et tu as toujours l'idée, un peu stupide, que ce que tu as acheté t'appartient vraiment, alors que le reste n'est qu'un emprunt - et non un vol. Cela dit, un emprunt vaut mieux qu'un vide ; et tu souffrirais si tu ne comblais pas le manque en toi, ce néant qui te dévore et te torture à longueur de journée.
Tu te dois de préciser :
« Tu t'en doutes peut-être, je l'ai prise. Alors, déçu ? »
Tu n'en diras pas plus sur cette veste. Ça n'a guère d'importance, de toute façon ; et puis, ton honnêteté est désarmante, tu estimes qu'il n'est pas nécessaire d'aller plus loin. D'autant plus que tu n'en tires aucune fierté : tu enorgueillies de ton lignage, de tes compétences, de tes rêves. Pas de tes vols.
A ton tour, du coup, de poser une question.
« Tu as toujours eu cette dégaine, ou il y a une raison pour laquelle tu t'habilles de façon si... négligée ? »
Tu l'as cherché, ce mot qui n'insulterait pas sa façon de se vêtir. Mais tu ne l'as pas trouvé ; alors tant pis, c'est comme ça que tu es de toute façon, Côme.
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Somnifère
Somnifère
IS IT TOO LATE NOW TO SAY SORRY ?
2015-11-24, 20:52



ft. côme
&
I’m ready to fly, uncover the light // impossible heights
Tu prendrais presque des manières, dans cette veste trop grande, dans ces pas de géants. Peut-être aurais-tu dû ralentir, peut-être aurais-tu dû te plier à son rythme, à ses jambes trop petites -oh, tu ne crois pas qu'il aurait apprécié, alors tu ne le fais pas. Tu ne le fais pas, et il reste à tes côtés ; vous avez trouvé votre vitesse de croisière, ce n'est pas si mal. Ce n'est pas si mal.
Il accepte tes réponses floues ; tu ne sais pas si c'est par honnêteté ou parce que c'est bien plus pratique comme ça. Peut-être le saura-tu plus tard. Peut-être pas. Le fait est, qu'importe la réalité, tu ne sais toujours pas répondre. C'est dur, de parler pour les autres. C'est dur, d'annihiler toutes leurs consciences pour les modeler comme on le veut -tu crois que c'est pour ça que tu dis toujours presque tout ce que tu penses quand c'est important, Alex. Tu crois que c'est pour ça que tu ne gaspilles pas non plus tes je t'aime à n'importe qui.
Tu ne sais pas si tu dois le remercier ou non. Après tout, tu lui as déjà dit assez avec ces morceaux de réponses, plus comme des lambeaux d'un sparadrap qui n'a pas tenu. Tu n'as pas confiance en toi -et tu crois aveuglément en les autres. A la fin, peut-être que c'est toi qui met ces distances, ces océans à traverser -ils paraissent trop longs pour bien de ces oiseaux migrateurs, qui préfèrent le refus à un quelconque noyade inutile. Tu les comprends, tu crois ; mais toi, t'as appris à nager, t'as appris à trouver de ces îles dissimulées un peu partout.
Alors oui, tu as peur, Somnifère. T'as toujours eu peur -et parfois tu le montres, parfois pas. C'est si improbable, d'avoir peur de certaines réponses mais de les vouloir quand même ? Parfois tu ne te comprenais pas toi-même, Alex.
Il rit beaucoup plus, depuis peu. Ça te fait bizarre d'entendre ce son -pas que tu l'ai cru incapable de rire, ça semble juste un peu surréaliste à chaque fois. Mais tu souris, toi aussi. Toi aussi. Et oui, tu t'en fiches des noms des appellations, tu t'en fiches des mots qui n'ont pas d'échos et tu acceptes ses conditions -après tout, tu n'as pas grand chose à dire.
Tu l'écoutes, encore. Tu ne fais pas de commentaires -à quoi bon ? Tu comprends -enfin, tu crois que tu peux éventuellement voir son point de vue. T'es pas un mec attaché aux biens matériels -ça se voit bien assez-, tu ne comprends pas bien la fierté que les gens ont, de se défoncer pour obtenir quelque chose par soi-même. Tu préfères recevoir. Pour toi, recevoir, ça indique que t'en vaux la peine. C'est bien plus précieux que tout ce qu'on peut déterrer nous-même -parce que ce sont les autres qui se sont donné la peine pour nous. Parce que ce sont les autres qui ont pensé suffisamment fort à nous pour qu'on transpire dans ses pensées de chaque instant ou momentanément. Et tu ne vois pas le tableau en entier, Somnifère -comme toujours.
Tu gardes le silence. Tu n'es pas apte à juger ; de toutes manières, tu n'es pas ce genre de personne, mais il demande ton ressenti et oh, tu ne peux pas l'ignorer. Pas après ces petites confidences de dentelles, un peu transparentes mais pas trop -juste assez pour voir quelques silhouettes se dessiner. Pour voir quels genres de monstres se cachent derrière les volets. Pas déçu, j'avais compris qu'elle n'était pas à toi quand tu m'as dit qu'elle ne t'appartenait pas. J'sais que j'ai l'air débile, mais j'écoute, quand même. Tu souris -décidément.
Et tu attends la prochaine question. Elle ne tarde pas, et elle aussi elle te fait sourire. Encore, tu ne sais pas vraiment quoi répondre -c'est comme ça. C'est comme ça parce que tu es peut-être resté bloqué dans ton état d'adolescent, c'est comme ça parce que tu n'as pas eu les bonnes leçons aux bon moments oh parce que on a voulu te faire grandir parce que tu rejettes certaines choses qui se trouvent plus loin sur ton chemin. C'est plutôt naturel je crois ? Je suis pas du genre à faire attention à ce genres de choses. J'ai encore mes habits de travail, si l'on peut dire, alors tant que c'est confortable et aéré, ça me convient, tu comprends ? Le confort d'abord, et au diable tout le reste. C'est pas de la soie sur mon t-shirt qui va m'empêcher de me prendre un poing. Tu traverses la route d'un coup -il y a une véhicule qui venait de passer, mais t'as appris à apprécier les distances et les vitesses depuis longtemps. Négligé. Ça te va bien, somme toute.
Tu ouvres la porte de la pizzeria et la tient comme un majordome le ferait à un de ces comtes -et quelle moquerie, dans ton regard. Tu t'accoudes au comptoir dès qu'il t'a suivi, en attendant qu'on prenne votre commande -enfin, sa commande. Et toi, est-ce que tu juges toujours tout, ou est-ce qu'il t'arrive d'attendre un peu avant ? Tu lui tires la langue, encore une fois. C'est pour rire, mais pas vraiment. Tu crois que tu veux lui montrer qu'on peut parfois être surpris. J'prendrai une chèvre miel, en taille xxl.Faut nourrir la bête.
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Côme Kowalski
Côme Kowalski
2015-11-24, 21:58
Tu as peut-être eu tort de te montrer aussi sincère, de lui dévoiler tant de choses à ton sujet. C'est comme d'avouer à demi-mot que tu n'es pas honnête, que ton occupation dans la vie, c'est d'embêter les autres. Mais tu n'as pas honte de ce que tu es, Côme : un ambitieux en quête de fortune. C'est tout ce qui t'intéresse et tu ne vois guère l'utilité de mentir à ce sujet. Après tout, tout, en toi, respire l'élégance et la hauteur ; on sent que tu viens d'un milieu favorisé, que tu n'as jamais eu besoin de t'en faire pour le quotidien, et que tu n'es guère adapté à l'existence que lui mène. Tu en conçois de la fierté, dans le fond : tu as de hauts objectifs, toi, contrairement à bon nombre de personnes. Simplement, la façon dont tu y parviens n'est pas très belle - reconnais-le, Côme. Tu n'as pas tant changé depuis ton adolescence, tu cherches toujours à attirer le regard des autres, simplement tu le fais pour des raisons différentes à présent. Et c'est encore une autre histoire avec Alex ; dans le fond, tu cherches aussi à ce que son regard se pose sur toi. Toutefois, tu ne sais pas ce que tu attends de lui. Un peu d'affection, peut-être ? c'est toujours plus agréable. Mais en dehors de cela, tes intentions sont nébuleuses. Tu ne vois pas pourquoi tu désirerais que ses yeux se posent pour toi, peut-être. Non que tu craignes son jugement. Mais quoi, alors ?
Tu ne te comprends pas, pour le coup.
Il ne semble pas te regarder comme si tu étais un monstre. Non, son attitude envers toi ne change pas ; et tu te demandes, l'espace d'un instant, s'il a bien compris ce que tu as dit. Tu as presque admis être un voleur, ce n'est pas anodin, et cela ne correspond guère à l'image que tu véhicules. Il est étrange, Alex, il ne semble pas s'étonner de ce qu'il apprend sur toi. Si encore tu étais comme tous les autres qu'il a pu croiser jusque là... Mais non, tu es persuadé - tu sais - qu'il n'a jamais rencontré personne comme toi, auparavant. Cela se sent. Il ne te traiterait pas comme il le ferait si c'était le cas. Il aurait un air blessé sur le visage, une méfiance naturelle que l'on sentirait lorsqu'on s'approche de lui. Ou alors, peut-être est-il effectivement non pas débile, mais simple - prenant le monde comme il lui vient, sans réfléchir. Tu ne veux pas vraiment jauger son intelligence, tu as l'impression que tu te tromperais. En le sous-estimant. Ou en le surestimant. Il est trop complexe pour être enfermé dans une étiquette.
Ta nouvelle question, il la prend plutôt bien. Il aurait de bonnes raisons de s'en offusquer, pourtant ; tu n'as pas pris de pincettes, et le mépris que tu ressens pour les gens du commun est assez tangible en cet instant. Toutefois, il la prend avec sérieux, et il y répond honnêtement, avec une neutralité que tu admires. Et tu crois que tu peux t'y reconnaître - dans une certaine mesure. Un costume est un peu comme un habit de travail, après tout ; même quelqu'un comme toi n'en porte pas tout le temps, quand tu es chez toi tu préfères quelque chose de plus décontracté (encore faut-il comprendre ce que tu appelles décontracté, c'est généralement déjà bien élégant. Et soyons honnêtes, si tu ne portes pas de costume à la maison, c'est pour ne pas les froisser inutilement, voilà tout).
« Donc tu reconnais qu'esthétiquement, ce n'est pas l'idéal. » : notes-tu calmement.
Avec une telle remarque, on ne s'étonne guère de la question qu'il te posera par la suite. C'est ton choix de considérer que sa tenue n'est pas très belle, toutefois, tout le monde n'est pas forcé de partager ton avis. D'autant plus que tes goûts sont très arrêtés, Côme, et que tu reprocherais volontiers à quelqu'un de se vêtir d'un pull uni et d'un jean parce que c'est trop simple à ton goût.
Vous arrivez déjà à la pizzeria, et tu t'arrêtes un instant pour observer la devanture. Tout manque de délicatesse : les couleurs sont criardes et mal assorties, les polices manquent de raffinement, et tous ces effets censés attirer l'œil sont grotesques. Tu regrettes les vitrines sobres des restaurants que tu fréquentes habituellement. Mais tu ne te défiles pas. Il te tient la porte et tu sens qu'il se moque de toi en cet instant. Soit. Tu entres dans la pizzeria avec la tête haute, en ne lui prêtant aucune attention au moment où tu franchis le seuil, comme on le fait avec un portier ; tu en as l'habitude, après tout, tu n'as pas besoin de te forcer pour affecter cette indifférence. Et tu le suis jusqu'au comptoir. C'est à son tour de jouer, mais tu n'as pas le temps de répondre qu'il passe déjà sa commande. Tu fais signe de la main que tu ne prendras rien, et tu lui dis :
« Tu peux me tendre mon portefeuille ? C'est dans la poche intérieure de la veste, tu dois le sentir. »
Ça doit faire bizarre, de donner une veste en laissant son portefeuille dedans. Tu l'aurais repris, Côme, là n'est pas le question ; il y a aussi ton téléphone portable dans l'autre poche. Toutefois, si tu les transportes dans ta veste, ce n'est pas pour rien ; il serait beaucoup moins pratique de les placer dans les poches de ta chemise ou de ton pantalon. Tu les récupéreras avant de partir. Avec ou sans son consentement. Oui, il paraît que tu as déjà fait les poches des gens - mais c'est un secret, bien entendu.
En attendant, tu peux donc réfléchir à sa question. Tu sens que la plaisanterie n'est pas totale ; il y a une véritable critique qui se cache derrière l'interrogation. Le reproche est fondé, c'est un peu gênant. Examinant sérieusement la question, tu te rends compte que tu aurais bien du mal à te défaire de tes préjugés. Ce n'est déjà pas facile avec lui, tu n'arrives pas tout à fait à considérer qu'il a une vie correcte, même si tu le respectes pour ce qu'il est. Ou du moins, tu essaies - de ta part, c'est déjà beaucoup. Tu ne peux pas le contredire ; tu viens à peine de le juger sur sa tenue, après tout.
« Oui, je le fais tout le temps. Je ne vois pas pourquoi j'attendrai, en général, les gens ne sont pas assez imaginatifs pour jouer avec les apparences. »
Sauf moi ; mais tu n'ajoutes pas cette précision, cela ne te semble utile. Tu n'as pas besoin de citer toutes les exceptions à la règle, ça te paraît logique que tout le monde ne tombe pas sous le coup de ta sentence ; et il a peut-être compris que tu fais partie de cette minorité. Sinon... eh bien, tant pis pour lui, il sera déçu plus tard.
« D'ailleurs, si tu comptes continuer à me parler, il faudra que tu t'y prépares. Je n'arrêterai certainement pas de te juger. »
Non que tu en serais capable, en fait. Toutefois, tu te crois aussi capable de surmonter tes propres jugements. La preuve. Tu l'as considéré de façon plus négative jusque là, et pourtant, tu le trouves de compagnie plutôt agréable, cet Alex. C'est bien le genre de personnes que tu aimerais avoir comme ami. Mais ça ne se fait peut-être pas de le dire, au final.
« Est-ce que tu méprises la bonne société ? »
Tu gâches peut-être une question, mais soit. La bonne société, c'est toi sans être toi. C'est le milieu dans lequel tu es né, la famille aisée qui t'a vu grandir, ton éducation impeccable, tes principes profondément enracinés dans le cœur. Tout ce que tu as toujours connu plus jeune, tout ce que tu souhaites retrouver dans ta vie d'adulte. C'est aussi ces gens que tu cibles, que tu dépouilles sans un remords, ne les considérant que comme des outils qui te sont utiles mais pour lesquels tu ne peux avoir de sentiments positifs. Des gens qui ne sont pas comme toi, en somme, parce qu'ils sont des proies et toi le prédateur. C'est lâche, dans le fond, Côme : quelque soit ta réponse, tu te défiles, tu peux toujours dire que non, ce n'est pas toi, qu'il n'a pas de raison de te mépriser. Mais ce serait bien qu'il te réponde oui, qu'il te réponde qu'il devrait te haïr. Tu devrais être méprisé en retour, Côme. Connaître le goût amer de l'indifférence et de la condescendance que tu infliges aux autres. Peut-être, alors, comprendras-tu.
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Somnifère
Somnifère
IS IT TOO LATE NOW TO SAY SORRY ?
2015-11-26, 20:41



ft. côme
&
I’m ready to fly, uncover the light // impossible heights
T'es pas vraiment du genre à t'énerver, Somnifère.
Et même quand tu es en colère, il y a ta manière de rester décontracté, de ne pas faire attention. De tout garder dedans, de ne pas l'exprimer -encore moins si c'est grave. Et tu plaisantes. Tu plaisantes toujours, t'as cette façon de tout repousser à plus tard, plus tard. (trop tard)
Et tu t'emballes pour de petites choses sans importance, comme si tu savais que ça ne serait pas grave de t'embrouiller pour ça. Comme si tu choisissais spécifiquement quels troubles traiter et lesquels ignorer, lesquels abandonner -t'as un certain ego, mais il a été égratigné par toutes ces peurs, tellement que tu ne t'en fais plus vraiment. Qu'importe, et t'aura cette attitude nonchalante, ces haussements d'épaules et ta colère sourde et douce douce douce contre toi-même. Si bien que t'as appris à sourire de tout.
Alors non, ces commentaires ne t'énervent pas. Toi, tu te trouves beau. Tu crois que c'est bien le principale, même pour quelqu'un comme toi. J'ai pas dit que je me pensais moche, quand même. Peut-être que ce n'est qu'à moitié humoristique, un peu comme toujours. T'es comme ça, Somnifère ; à infuser tes idées par en-dessous, à parler avec ta vraie voix dans un murmure sous tes échos, à te taire même en criant. Parfois t'as l'impression de t'être cousu les lèvres et de gémir à travers elles -tu sais que c'est inutile, mais t'espère toujours que quelqu'un t'entendra pleurer après quelques temps.
Tu t'exécutes dès qu'il te demande son porte-feuille, tu cherches pas à savoir ce qu'il y a d'autre dans ses poches -t'es curieux, oui, mais tu sais aussi que t'as des tendances cleptomanes et que si tu commences, tu t'arrêtera pas avant de tout lui avoir pris. T'aimerais pas vraiment que ça se finisse comme ça. T'aimerais pas vraiment être accusé de vol alors que c'est bien plus que ça, t'aimerais pas qu'il ne comprenne pas oh qu'il juge trop vite. Qu'il juge. Encore. Woah, Somnifère, ça fait longtemps que tu n'avais pas eu aussi peur, ça fait longtemps que tu n'avais pas gardé les mains dans les poches plutôt que de spontanément prendre des choses entre les doigts et les serrer serrer serrer comme pour croire qu'elles pouvaient t'apporter quelque chose.
Tu l'écoutes, lui et ses explications. Tu pourrais objecter, mais t'es soudainement pas d'humeur. Tu sais qu'il n'y a pas beaucoup de gens qui partagent ton avis, tu sais qu'ils préfèrent ranger les gens dans des boîtes -peut-être de peur qu'ils s'éparpillent oh qu'ils s'enfuient-, mais pas toi, Alex. Peut-être que tu fais ça parce que toi aussi, t'aimerais pas qu'on te mette une étiquette sur la tête dès que l'on te voit -et pourtant c'est ce qui arrive, et pourtant même toi tu ne peux te retenir de quelques remarques la plupart du temps. Triste vie, triste monde. Peut-être que je te ferai changer d'avis. Ton ton est plus calme, plus doux, plus neutre plus serein oh comme si t'en étais déjà certain ; tu crois toujours en tout ce que tu dit Somnifère, tes promesses sont paroles d'or et tes mots ne sont jamais mal choisis -peut-être maladroits, mais toujours honnêtes.
Honnêtes.
Alors tu réponds, encore. Je crois que je m'en fiche ? Je veux dire. Je rencontre des gens. Pas une classe sociale. Je méprise des comportements, des remarques des caractères ? J'suis pas du genre à m'arrêter à des étiquettes, même si j'aime m'en moquer. T'aimes te moquer de tout, Somnifère. Alors je dirais que non, mais j'crois que t'as compris que j'avais jamais de réponse franche à donner. Et ça revient, tes imprécisions, tes manières de t'enfuir en deux trois beaux mots.
On vient régler ta commande, tu pointes Côme du doigt. C'est à toi, et à vrai dire, tu ne sais pas vraiment quoi demander -oh, t'es curieux et t'as un milliard de questions dans la tête, mais tu ne sais pas. Tu crois que tu te décides à être égoïste, soudainement. Bah tiens. Tu me trouves comment ? Évite de vomir en disant que mon pantalon est horrible, j'dois le mettre à la machine depuis une semaine et ça sort pas super bien, la bile. Tes commentaires sarcastiques sont des plus charmants, il faut croire. Enfin, il risque d'être vraiment choqué quand il te verra engloutir ta pizza.
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Côme Kowalski
Côme Kowalski
2015-11-26, 22:56
Tu sais très bien quand tes mots peuvent blesser. Tu en as une conscience aiguë, car il s'agit là de ta meilleure de tes armes, celle que tu as tout fait pour aiguiser le plus. La posture, les expressions en font partie ; le ton convainc tout aussi bien qu'une bonne argumentation ; mais un mot bien choisi peut détruire la confiance plus sûrement qu'une arme de destruction massive efface des cartes une ville. C'est le dernier recours, le dernier rempart. Tu sais donc très bien quel effet tes déclarations peuvent provoquer. Le fait que tu n'approuves pas sa façon de s'habiller. Que tu précises que tu ne cesseras jamais de le juger. Tu n'ignores pas que ce que tu dis est offensant, qu'il aurait toutes les raisons du monde de t'en vouloir ; et pourtant, cela ne semble pas te déranger outre mesure. Parce que tu es honnête, pour une fois, Côme. Tu as décidé d'être franc avec lui, et tu lui dévoiles donc ta véritable nature. Tu n'es pas cet homme aux paroles mielleuses qui vous suit comme une ombre et ne s'éloigne jamais de vos vues ; tu as tes propres opinions, tes propres préjugés, et quand on s'en rend compte, on est bien forcés d'admettre que tu n'es pas le prince que tu prétends être. Tu es odieux, et tu n'as pas de réelles qualités ; tu es plutôt comme une coquille presque vide, tu n'as plus ni personnalité ni envies, et tu te recroquevilles sur toi ; le mépris des autres est une défense, tu es cette petite boule de haine qui se déteste de ne pas être celui que tu voudrais être et qui reporte ton animosité sur les autres ; et tu ne fais que détester, regardant le monde avec des yeux hautains, rejetant tout ce qui n'est pas toi - non, tout ce qui ne correspond pas à ton personnage. C'est le personnage qui te domine, qui détermine le moindre de tes gestes, mais ce n'est pas toi, Côme ; c'est ce qui te rend si détestable, qui t'oblige à te hérisser dès lors que tu fais preuve d'un peu de spontanéité. Ce n'est pas dirigé contre lui, dans le fond. Tu le juges parce que tu as peur d'être jugé par lui, tout simplement.
Alors peut-être admires-tu son calme, sa façon de te répondre qu'il n'est pas d'accord avec toi - et pourquoi pas. Techniquement, vos formulations divergent et peuvent se rapporter à deux choses différentes ; donc tu n'insistes pas. Il a le droit de ne pas se trouver moche ; c'est même tant mieux si ce n'est pas le cas. Toi, tu ne trouves pas beau, en tout cas. Tu n'aimes pas ton visage, il y a quelque chose qui te dérange. Tu as l'impression que ce qu'il y a de mauvais en toi ressort, que tu abordes trop souvent une expression mauvaise. Ta taille n'est pas problématique mais tu n'es pas le plus grand, ce qui te prive d'un léger avantage - fort heureusement, tu n'en as pas besoin, tu es trop doué pour cela. Ton ossature est plutôt imposante, en revanche, cela te donne une apparence solide, robuste, que tu aimes bien. Tes cheveux et tes yeux sont bruns, on ne peut faire plus classique. Toi, tu ne t'aimes pas forcément. En revanche, tu aimes la façon dont tu apparais lorsque tu t'habilles bien. Ta propre élégance te fascine. Sans doute est-ce pour cela que tu accordes tant d'importance au costume, et que tu réprouves le sien. Tu ne te sentirais jamais à l'aise dans ses vêtements. (Tu oublies peut-être qu'on ne te demande pas de les porter, mais soit.)
Tu composes rapidement le code de ta carte bancaire, préférant ne pas regarder le montant exact de la pizza que tu payes. Tu pourras toujours faire comme si cette transaction n'existait pas. Tu ne remarques même pas qu'Alex n'a même pas réfléchi avant d'obtempérer ; tu ne te rends pas vraiment compte de la tension qui existe en lui. Tu sais juste qu'il espère te faire changer, que tu cesses de juger les autres au premier coup d'œil. Tu te figes un instant, comme si tu étais surpris. Puis tu te tournes vers lui, et lui annonces très sérieusement :
« Ce serait merveilleux, si tu y arrivais. »
Sans doute crains-tu sa réponse plus que tu ne veux bien l'admettre. Il pourrait te rejeter, après tout. Mais sa réponse est encore pire que ce à quoi tu t'attendais. C'est un non, mais qui n'exclut pas un oui. Une personne, et non une classe - est-ce que c'est ce qu'il voit en toi ? Mais alors, toi qui cumules tous les clichés de la classe à laquelle tu veux appartenir, tu dois être méprisable à ses yeux. Avec ton comportement arrogant, ta franchise mal placée, ton élégance surjouée, tu dois lui paraît emprunté, faux. Et tu l'es, Côme, tu ne peux pas le nier. Il n'appréciera sans doute jamais cette caractéristique de ta personnalité.
En même temps, il n'y aurait rien d'autre que ce mensonge, si on creusait.
« J'aurais sans doute préféré que tu me dises franchement que tu me détestais, ou me méprisais, ou quelque chose dans le genre. » : avoues-tu, légèrement déconcerté.
Juste retour du bâton, voilà qu'il te demande un avis sur lui. Le tout en mentionnant l'état douteux de propreté de son pantalon - et tu ne sais pas trop comment y réfléchir. Sale depuis une semaine ? Sérieusement ? Tu es pourtant le stéréotype même de la paresse, Côme, et il va sans dire que faire la lessive est une corvée que tu n'apprécies guère (d'autant plus que ce n'est pas du tout digne d'un homme de ta qualité). Mais jamais tu ne traînerais autant, c'est tout simplement... dégoûtant. Dans le pire des cas, tu ne le porterais simplement pas.
« Tu ne m'en voudras donc pas si je te dis, en toute objectivité, que je te trouve négligé ? Même moi, je n'attends pas autant. »
Oh. Bien sûr. Ta remarque n'a sans doute pas grand sens à ses yeux. Il n'a aucune raison de se dire que tu es flemmard ; tu as l'air si propre sur toi, on t'imagine volontiers maniaque. Tu l'es peut-être, un peu - toutefois, chaque tâche peut bien attendre que tu aies assez de motivation pour t'en occuper, n'est-ce-pas ?
Toutefois, en restant là ne suffira pas. Tu le lui as déjà dit, et il sait déjà ce que tu penses de ses goûts vestimentaires. Mais est-ce que tu l'as regardé, lui ? Non, pas vraiment. Tu n'avais pas vraiment de raison de le faire jusque là. En silence, tu le dévisages longuement. Tu explores le moindre de ses traits, tu prends note de ses piercings puis tu les oublies, tu regardes au-delà parce que ce n'est pas ce qui t'intéresse. Puis ton regard glisse à ses cheveux, à leur teinte artificielle qui t'interpelle - pourquoi cette teinte, pourquoi ce blond argenté qui le vieillit, qui lui confère une apparence fragile, qui le rend si fascinant ? -, à leur coiffure qui est, somme toute, plus élaborée qu'il n'y paraît au premier abord - plus complexe que ce que toi, tu peux faire -, et tu comprends quelque chose.
« Quel gâchis. » : murmures-tu, mais d'un ton pas assez inaudible pour qu'il soit incapable de t'entendre s'il tend l'oreille.
Te voilà bien embêté, Côme - si tu veux vraiment être honnête, tu vas devoir trouver une façon appropriée de lui dire ce que tu penses vraiment de lui.
Ce n'est pas que cela te gêne en quoique ce soit ; après tout, tu as le droit de penser quelque chose de positif, n'est-ce-pas ? Mais peut-être ne s'y attend-t-il pas vraiment, et tu crains un peu sa réaction. Tu as surtout peur qu'il pense que tu mens, comme si ce n'était pas possible pour quelqu'un de toi de dire quelque chose de bien. Tu n'as plus qu'à espérer qu'il aura compris que tu es toi aussi du genre sincère.
« C'est dommage que tu t'habilles si mal car j'aime bien ton visage. Je suppose que tu pourrais être mon genre, en fait. »
C'est tellement positif que tu ne te reconnais pas ; et pourtant, tu es sincère, affreusement sincère, Côme. Et tu n'as alors qu'une seule envie, c'est de lui demander ce que tu lui penses de toi. Non parce que tu y vois quelque chose de particulier : votre rencontre n'est pas le fruit du destin, et ce n'est pas comme si tu cherchais autre chose que son amitié. Mais tu as envie de savoir. Si ton apparence à toi le rebute. S'il est capable, aussi, de voir à travers tous les signaux que tu envoies, pour donner un avis objectif sur toi.
Il se défilerait sans doute, de toute façon.
Mais vraiment, quel gâchis.
Tu n'as pas besoin de réfléchir longuement avant de trouver la question suivante :
« Tu as déjà volé ? »
Parce que. On ne dirait pas, mais toi oui.
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Somnifère
Somnifère
IS IT TOO LATE NOW TO SAY SORRY ?
2015-11-28, 17:30



ft. côme
&
your life is dark & it needs some light
Ce serait merveilleux.
Et tu ne sais pas vraiment ce que tu trouves les plus triste, Somnifère ; sa manière d'avoir déjà abandonné ou le fait que tu sois si surpris. Sûrement un peu des deux, tu te déçois en même temps que tu le comprends un peu mieux -c'est étrange, comme sentiment, d'être heureux et un peu vide en même temps. C'est étrange, comme sentiment, de vouloir quelque chose qui ne dépend pas de nous oh c'est étrange de voir tout glisser et de s'en rendre compte alors qu'avant on choisissait juste de tout ignorer. T'as un sourire un peu triste, et tu te jures que tu le fera changer d'avis. C'est une promesse intérieure, quelque chose qu'il n'a pas besoin de savoir -à quoi bon, de toutes manières. T'es pas du genre à faire comprendre aux autres tout ce que tu fais pour eux, t'es pas du genre à égoïstement dire ce que tu fais de bien dans le monde pour enfler ton ego. Tu gardera ça pour toi ; et plus tard, si tu réussis, tu lui reparlera de ce moment -il aura sûrement oublié, mais pas toi, Alex. Pas toi. T'oublies jamais vraiment, et même maintenant, t'as en tête des détails stupide.
(la feuille qui s'écrase sur sa tête alors que tu sortais de l'école
sa bague à l'émeraude qui scintillait tant
l'émail qui manquait sur sa canine
le trou dans son pull préféré)
Si j'l'ai pas dit, c'est qu'il y a une raison, non ? T'es un mec plutôt simple, Somnifère, parce que t'as jamais d'avis tranché. Parce que c'est toujours gris, parce que t'es égoïste mais pas trop, parce que t'as peur mais que tu ne le montres pas, parce que t'es stupide mais que c'est peut-être juste une autre manière de se protéger. Stupide société.
Négligé, c'est un mot qui te va bien. Oh, tu préfères spontané, décontracté, insouciant, désinvolte, mais ce ne sont que des mots, juste des mots. Il l'a déjà dit, et tu n'es pas en désaccord avec lui, de toutes manières.
Il te détaille. Tu fuies son regard -c'est plus fort que toi, ses deux pupilles noires noires noires ne sont pas faites pour être défiées et toi, t'es bien trop anxieux pour oser les combattre. T'es mal à l'aise. C'est étrange, Somnifère -t'as cette manière de vouloir l'attention mais de ne pas aimer l'obtenir. Peut-être que tu veux juste ressortir pour qu'on ne cherche pas plus loin. Peut-être que tout ça, ce n'est finalement pas grand chose. Peut-être qu'à la fin, t'es bien banal.
Il murmure des choses. Tu crois qu'il murmure souvent ; peut-être que c'est sa manière de se parler mais oh, tu n'écoutes pas. Parce qu'encore, tu crois que si c'était important, si c'était quelque chose qui en valait la peine, s'il avait voulu que tu le saches, il l'aurait dit plus haut. Ça n'empêche pas tes yeux de rapidement revenir vers lui, pour s'enfuir tout aussi vite. Et ça tombe, comme une sentence.
Woah, et moi j'pourrais presque rougir. Le fait est que, Somnifère, tu rougis. Beaucoup. Et que bon, puisque t'es aussi blanc qu'un squelette, ça se voit plutôt bien, tes pommettes rosées -on dira que c'est parce que t'as chaud, soudainement. T'enlèves sa veste momentanément, sans la lâcher -t'es du genre radiateur ambulant, de toutes manières-, comme pour t'occuper les mains parce que c'est un peu trop vide dans ton cerveau.
Heureusement, sa nouvelle question vient te sauver de là -bordel, Alex, ne redemande plus jamais ce genre de choses. Plus jamais. Tu parles de voler comme un oiseau ou comme un lâche ? Et c'est drôle, Somnifère, combien cette simple question te résume tout entier -toi et tes rêves d'enfant, toi et ta manière d'être si furieusement neutre. Pour les deux, ça sera un oui. Tu ne t'étales pas, parce que tu n'aimes pas cette partie de toi. Parce que tu sais que c'est maladif et que tu pourrais faire quelque chose, mais tu sais aussi que t'en as pas suffisamment envie. T'en vois pas la nécessité jusqu'à maintenant -ça te fait grincer des dents, de penser comme ça, parce que c'est si mal, Alex. Si mal. Tu m'habillerais comment, si tu le pouvais ? T'es pas croyable, Alex. Tu t'affales sur le comptoir ; il doit bien pouvoir voir tout ton côté gauche - tes côtes blanches, un bout de tatouage de constellation qui dépasse de l'omoplate, celui en formes géométriques sur tout le haut de ton bras, ton ventre tellement plat et tes hanches qui ressortent juste au-dessus du bout de ton t-shirt. J'rajouterai que j'aime beaucoup les cadeaux. Juste comme ça. Tu fais cette tête que tout le monde comprend, celle qui laisse savoir que ce n'était qu'une blague qu'une espèce de critique -oh, tu ne détestes pas les présents, mais tu ne sais jamais vraiment comment réagir, entre être joyeux et embarrassé. Bah. De toutes manières, il n'est sûrement pas du genre à offrir des cadeaux ; sa veste, elle n'était pas à lui, alors ça ne compte pas. Et puis oh, pourquoi est-ce qu'il ferait ça pour toi, Alex.
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Côme Kowalski
Côme Kowalski
2015-11-28, 19:08
Tu n'as pas peur d'être haï, Côme.
Mais.
(Car il y a toujours un « mais ».)
Tu as peur que l'on te hait pour ce que tu hais, plus que de la haine seule.
Tu sais très bien tout ce qu'il y a de détestable en toi, mais préfères l'ignorer. Simple précaution. Tu es trop faible pour te permettre d'affronter des erreurs aussi profondément enracinées au fond de toi ; ta confiance vacillerait trop vite, elle qui a l'air si inébranlable. Tu n'as pas assez confiance en l'homme que tu es vraiment - ou peut-être faudrait-il le qualifier de gamin, car c'est bien ce que tu es, même à vingt-deux ans. Tu voudrais bien que tout le monde t'observe avec admiration, que tu sois le centre de leur monde ; comme tu as peur des critiques et de la réprobation, tu préfères encore jouer - et ça marche, en général. Sauf avec lui, sauf avec cet Alex. Tu n'arrives pas à obtenir une réaction claire de sa part, tu ne le comprends pas. Il ne semble pas te détester, même s'il ne t'apprécie sans doute pas. Alors, quoi ? Quel est le sens de cette zone grise dans laquelle il semble t'avoir classé ? Parce qu'il est trop complexe pour toi de comprendre ce qu'il pense de toi. Tu ne retrouves pas les signaux habituels. Tu n'as aucun repère et ça te perturbe. Alors, ne pouvant adapter ton jeu à lui, tout ce qu'il te reste, c'est de l'honnêteté.
Ce que tu détestes ça, franchement.
Tu te fiches assez bien de sa réaction face à l'avis que tu as émis sur lui. C'est un avis comme un autre, après tout, et il faut qu'il soit conscient qu'il a un certain potentiel et qu'il y aurait beaucoup à gagner s'il prenait plus soin de lui - vu que, dans ton optique, sa manière de se vêtir n'est pas du tout un signe que l'on soigne son apparence, même si la coiffure pourrait à la limite passer. C'est du gâchis de ne rien faire. Tu vois d'énormes potentialités ; quel bel acteur il pourrait faire. Il serait d'un genre différent que toi, bien sûr, il n'aurait jamais ton élégance, pas avec ses longs membres trop fins qui l'obligent à des mouvements plus larges ; mais il pourrait être encore rayonnant que toi. Tu deviens metteur en scène ; tu l'imagines volontiers évoluer sur scène. Quel pourrait être son rôle ? Tu ne sais pas pourquoi, mais en le voyant, c'est l'idée d'innocence qui te vient en tête. La blancheur de sa peau, la pâleur de ses cheveux, la minceur de son corps : cela correspondrait bien. Et peu importe si ce n'est pas lui, cela n'importe pas. C'est même mieux si le rôle que tu attribuerais à Alex ne correspond pas du tout à sa nature. Le challenge n'en serait que meilleur.
Mais ces réflexions sont un peu dangereuses, et t'amènent un peu trop loin ; alors, tu as préféré parler de vol. Tu n'avais pas songé à la polysémie du mot (et tu es sans doute le seul, Côme) ; tu n'es pas un rêveur, voler dans les airs ne t'a jamais tenté. Alors tu élimines très vite cet aspect-là de sa réponse ; s'il a déjà volé, tant mieux pour lui, mais cela ne t'intéresse pas. En revanche, tu ne peux t'empêcher de dire :
« Ah, qu'est-ce que je disais ? Les gens ne savent pas assez se distinguer des apparences. »
Mais tu sens qu'il est sur la réserve quand il te répond, comme s'il n'avait pas envie que tu creuses la question. Toi, tu en aurais bien envie. Visiblement, vous n'avez pas le même rapport à la chose. Tu le lui dirais bien, du coup. Que toi, tu n'en conçois aucune culpabilité ; que tu passes ton temps à voler de toute façon. Alors, faire les poches de quelqu'un, ou l'arnaquer, ça revient un peu du pareil au même, sur le plan moral. C'est peut-être même pire dans le second cas : on prend plus, et on abuse de la confiance de sa victime. Il y a longtemps que la question ne te dérange plus. Toutefois, tu es prudent sur ce point : c'est peut-être plus classe de voler de grosses sommes, plus élégant de ne pas le faire physiquement, mais tu fais aussi les deux. Alors tu ne peux pas vraiment te plaindre, Côme.
Toutefois, il semble vouloir poursuivre sur le thème de l'apparence. Et, sur le coup, tu pousses un soupir excédé ; tu aurais préféré qu'il ne te lance pas sur le sujet, car tu connais ton honnêteté, et tu n'as rien de plus à lui dire que ce que tu lui as déjà dit. Est-il masochiste au point de vouloir que tu lui rappelles à quel point tu détestes sa façon de s'habiller ? Tu prends cependant le temps de regarder à nouveau, mais principalement parce qu'avec sa nouvelle posture tu peux voir d'autres détails. Sans doute est-ce fait exprès. Tu le trouves maigre ; et une chose est sûre, tu ne sais pas comment habiller la maigreur. Tu n'es pas styliste, et tu ne t'y connais pas tellement en mode ; du moins, tu sais quels costumes valent la peine, mais ça ne lui irait pas. Alors tu ne sais pas trop, et tu lui poses une main sur l'épaule.
« Je ne t'habillerais jamais comme moi, tu n'as pas la prestance pour porter de tels vêtements. »
Tu te retiens d'ajouter que ça coûterait cher - ce serait une fausse excuse pour quelqu'un comme toi, qui préfère prendre ce qu'il ne peut pas acheter.
« Déjà, je te mettrais des vêtements propres. Simples mais plus beaux ce que tu portes maintenant. Pas trop larges car ça fait vraiment débraillé sur toi. Mais pas trop moulants non plus, tu es trop mince et ça ne ferait qu'accentuer l'effet. Peut-être comme je m'habille quand je suis chez moi. »
Précision importante pour nos amis lecteurs, il va sans dire que tu ne vas pas abîmer tes beaux costumes chez toi. En général, tu portes des choses « simples », c'est-à-dire de marques. Mais simples d'apparence. C'est sans doute comme ça que tu vêtirais Alex - ça doit le décevoir. Tu précises, avec un air malicieux :
« Si jamais j'en trouves à ta taille, je te les prendrai pour toi. »
Et oui, tu parles bien de vol.
On ne se refait pas, voyons.
Avec quel argent tu lui payerais des vêtements, franchement ?
C'est à ton tour de lui poser une question. Et, curieusement, alors que tout un tas d'interrogations se bouscule dans ta tête, l'une d'entre elles prend le pas sur les autres, et tu la laisses s'échapper sans même chercher à te retenir.
« Pourquoi tu es si intéressé par la façon dont je pourrais t'habiller ? »
Ça te paraît logique, vu que tu ne comprends pas le sens d'une telle question.
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Somnifère
Somnifère
IS IT TOO LATE NOW TO SAY SORRY ?
2015-11-28, 21:44



ft. côme
&
if infinity had a price, i would buy it twice
Tu regardes tes doigts. Même là, il y a de l'encre qui a tué tes cellules -injectée oh forcée, c'est presque de la torture, quand on y repense. De la torture qui fait joli et pour laquelle on paie, une torture qui laisse une marque physique et qui en soulage d'autres -c'est étrange, à quel point c'est apaisant de voir ces arabesques que peu comprennent. Oh, Côme ne comprendrait pas, tu crois. C'est un idée en l'air -à vrai dire, tu n'en sais rien et ah, tu te rappelles, Somnifère ? T'es pas sensé juger les gens, toi.
Comment ça ? Tu ne l'as pas compris. (oh, comme c'est ironique) Peut-être que c'est ses pensées qui t'échappent en plus de ses mots, peut-être que son esprit aussi est fait de poussière et qu'il glisse entre les doigts de ceux qui veulent tenter de l'attraper -tu crois qu'il serait ce genre de choses qu'on verrait traîner, qu'on veut ramasser mais qui finalement se débat pour s'enfuir un peu plus loin. Tu crois qu'il n'est pas vraiment stable, Côme -plutôt qu'il n'est pas stable envers les autres. Il y a une espèce de lassitude en lui qui laisse présager qu'il s'est habitué à sa vie, une nervosité qui indique quelques remords quand même. Oh, c'est bien trop compliqué, tout ça.
Il soupire -ça te fait sourire. Ce qu'il ne sait pas -ou peut-être qu'il s'en doute, qui sait-, c'est que ce genre de réactions ne fait qu'accentuer tes questions ; t'es ce genre de personne qui ne peut s'empêcher de creuser jusqu'à la rupture s'il sait qu'il y a un point faible. Après tout, c'est quand on est en colère qu'on dit ce qu'on pense depuis toujours -mais il faut aussi savoir pardonner, parce que oh la haine délie les langues qui se sont tues pour notre bien. Tu penses que beaucoup de gens oublient ça.
Son premier commentaire te fait rire, vraiment. Le deuxième, encore plus. C'est sûr que des vêtements pas pleins de sueur, ça doit être mieux. Il te sort des adjectifs qui ne riment à rien ; ni trop grands ni trop petits -à ta taille, somme toute. Brillant. Pas ma faute, j'ai couru toute la journée. Cette mauvaise foi crevait les yeux, mais on ne se refait pas -et puis, qu'est-ce qu'il en savait, que t'aurais eu le temps de te changer si tu le voulais. Oh, monsieur irait jusqu'à chercher ma taille, je suis flatté. Tu te demandais bien qu'elle taille il te donnerait, tiens. Enfin -t'allais pas utiliser une autre question sur ce genre de choses.
La sienne arrive et oh ! elle te semble étrangement facile, mais tu n'es pas sûr qu'il puisse capter toutes les finesses de ta réponse -ça t'arrive souvent, de vouloir dire d'autres choses à travers de simples mots, une façon d'écrire un roman avec du vide dans l'air. Antithèse. J'ai toujours essayé de me voir dans une autre peau. Mais peut-être, Somnifère, que même toi tu ne comprenais pas vraiment ce que ton cerveau voulait te dire, ce que ta spontanéité t'avait dicté. Ce que tu voulais vraiment exprimer, somme toute.
Et toi, pourquoi ça te dérange tant si tu aimes juger ? Oh tu reviens sur son soupir sur ces pensées qu'il n'avait pas fait taire -il parle beaucoup avec des choses qui d'après toi ne méritent pas d'attention, c'est étrange comme on peut communiquer de manière si différente.
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Côme Kowalski
Côme Kowalski
2015-11-28, 23:46
Parfois, c'est dur de te comprendre parce que tu n'es pas très clair. C'est de ta faute à toujours t'exprimer à demi-mot. Avoir des opinions, mais ne pas être capable de les exprimer à haute voix, par peur d'être entendu, d'être mis à nu, voilà quel est ton problème. Si certain de toi, et pourtant incapable de le montrer. Tu es condamné à n'être qu'une feuille emportée par le vent, incapable de décider de sa destination par elle-même, s'efforçant de survivre aux obstacles qu'elle rencontrera, de ne pas tomber à l'eau et se noyer, de ne pas se perdre tout à fait. Peut-être as-tu peur, dans le fond. Peut-être cherches-tu quelque chose de stable, un rocher auquel tu pourras t'accrocher quand tu te sentiras déstabiliser. Tu ne sais pas si c'est quelque chose ou quelqu'un ; une certitude ou une amitié ; en tout cas, quelque chose qui ne variera jamais, peu importe la façon dont tu modifieras ton jeu. Jouer t'épuise. Cette lassitude est constante, mais tu l'ignores, tu n'as guère le choix. Pour survivre selon tes critères ; pour être ton propre maître du jeu. Peut-être le ressent-il, quand il te parle. Mais il ne comprend tout de même pas à quel point tu es obsédé par l'idée de l'apparence, à quel point cela peut te faire du mal. Tu ne la contrôles pas, cette obsession, ce besoin de créer de la distance entre les deux, ce besoin de la défaire, de l'annihiler, ladite distance, de faire comme si elle n'existait pas, de te fondre dans le personnage dans lequel tu t'es enfermé. Tu pourrais le laisser dans le noir, le laisser se débattre avec son incompréhension, mais tu es grand prince et tu précises :
« Tu as la tête d'un délinquant. Ton apparence dit que tu es un voleur potentiel. Aucune surprise, tu comprends ? »
Tu voudrais volontiers découvrir quelque chose de différent, chez lui. Mais quoi ? tu ne sais pas, tu as l'impression que si tu essayais de deviner, la qualité perdrait tout son charme. Tu préfères qu'elle te surprenne au moment où tu t'y attendras le moins, qu'elle te ravisse quand tu seras prêt à être étonné, plutôt que d'essayer de creuser, de savoir à tout prix. Tu veux être émerveillé comme un enfant, comme tu ne l'as jamais été de toute ta vie.
Tu as aussi conscience que tu as esquivé la difficulté. Sans vraiment en être dérangé. Toi aussi, tu sais éviter les problèmes, et tu es passé maître dans l'art de cacher la vérité sans mentir. Alors forcément, quand tu ne sais pas quoi répondre, que tu n'as pas envie de lui dire que tu l'habillerais comme toi, tu sais comment faire pour sortir des généralités qui font bien, qui ne le choqueront jamais. Même si tu doutes de pouvoir le choquer. C'est pour toi que tu le fais, toi qui as peur de t'ouvrir, qui a peur de l'honnêteté.
Et tu ne peux t'empêcher de rire quand il te fait remarqué qu'il a couru. C'est qu'il doit avoir besoin d'entraînement, le pauvre, s'il est messager. Ah, c'est vrai, il est capable d'endormir les gens, c'est quand même bien pratique. Tu te rends compte que tu avais un peu oublié ce détail jusque là, que tu te sens de nouveau plus à l'aise avec lui - non. Parfaitement à l'aise avec lui. Tu le crois, quand il te dit qu'il n'a pas l'intention de t'endormir, en fait. Même si ça doit être bien plus pratique quand tu veux piquer quelque chose à tes cibles, après tout.
« Si tu me la donnes, je n'aurai pas besoin de la chercher. » : précises-tu, très pragmatique.
Mais il l'a en lui, l'envie de se dépasser. De ne plus être tout à fait soi-même. Peut-être est-ce pour des raisons différentes des tiennes ; peut-être n'est-ce pas parce que les limites de son propre être le dégoûtent, qu'il a peur de la pauvreté de sa nature profonde. En tout cas, il semble avoir conscience que l'on peut être plus que soi-même. Que l'on peut enfiler un déguisement et se glisser dans une autre peau, adopter d'autres mimiques, d'autres habitudes. Comme tu le fais d'habitude.
Tu le respectes pour cela.
Et, tout comme lui semble être conscient d'un défaut en lui, d'une imperfection qui trouble sa belle image - enfin, belle, pas à tes yeux -, il te pose la question, la question qui n'a l'air de rien, mais à laquelle tu ne peux répondre sans y réfléchir longuement.
Tu restes quelques secondes silencieux, essayant de trouver ce que tu lui peux répondre.
Pourquoi ne pas vouloir juger, alors que c'est dans ta nature ? Dans le fond, ça ne pose pas de si grands problèmes que cela, si ce n'est que cela peut te conduire à des erreurs de débutant. Mais en dehors de cela ? Toi qui as des goûts si élevés, est-ce si mal d'être exigeant ? Normalement, tu devrais répondre que non. Toutefois, tu le sens, au fond de toi. Cette fissure qui ne se comblera jamais. Cette douleur qui ne pulse même plus, qui sommeille comme morte en toi, mais menace de te submerger si jamais elle est stimulée. Tu es trop fragile, tu ne tiendras pas à ce rythme.
La réponse est sans doute très simple.
« Parce que c'est mal ? »
Et que tu aimerais, peut-être, faire quelque chose de bien dans ton existence.
Il ne doit sans doute rien comprendre à ta réponse, mais tant pis, tu ne comptes lui laisser le temps de protester parce que c'est trop vague ou que cela n'a pas l'air très honnête de ta part. Tu enchaînes tout de suite avec ta propre question :
« Est-ce que tu as eu un traumatisme d'enfance ou quelque chose dans le genre ? Comme un besoin de te rebeller contre l'autorité parentale, à supposer qu'elle existe ? Quelque chose qui t'a fait du mal, en tout cas. »
Tu ne veux pas lui demander quelque chose d'intime, dans le fond. Ni essayer de lui faire comprendre que tu le trouves dérangé, car ce n'est pas le cas - tu es sans doute plus névrosé que lui. Mais tu veux juste savoir s'il a ça en commun. S'il te ressemble sur ce point. S'il est de ces gens qui se sont relevés.
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Somnifère
Somnifère
IS IT TOO LATE NOW TO SAY SORRY ?
2015-11-29, 16:14



ft. côme
&
if infinity had a price, i would buy it twice
Aucune surprise. Oh, sûrement, mais t'as pas clamé le contraire -t'es un mec bien banal, Somnifère. Bien banal ; jusque dans ses retords -c'est presque drôle, comme on a tous ces mêmes choses un peu cachées. Tu souris. Tu te considères pas comme un malfrat, comme un voleur oh comme un délinquant -c'est peut-être là qu'elle se trouve, la surprise, et peut-être aussi la découvrira-t-il plus tard. Plus tard, quand il verra tes mains nerveuses s'abattre sur un objet sans valeur et l'avaler avec envie oh le faire disparaître dans tes poches trop grandes. Maladivement, discrètement, sans même vraiment y faire attention, réflexe d'un cerveau un peu trop endormi un peu trop engourdi pour réagir. Parfois, il t'arrive de ne pas te considérer comme un voleur -mais bien vite tout revient oh tout s'abat sur ta nuque comme une sentence, et tu courbes l'échine, Alex, parce que tu n'arrives même plus à te combattre toi-même.
Peut-être parce que tu ne l'as jamais cherché.
Alors tu ne réponds pas à sa remarque, à sa rhétorique et même à ses autres paroles. T'es pas du genre à faciliter la vie des gens pour les choses inutiles ; t'as ce paradoxe étrange de celui qui s'en fout mais qui fait attention sans le dire. Celui qui est là au cas où mais qui souvent se récolte juste des éclats d'obus sans rien pour soigner les égratignures. Ah, Alexíus. Comme un chef-d'oeuvre qui s'est fait casser de tous côtés. Comme un petit garçon qui a décidé de devenir un petit con plutôt qu'un vrai connard. Ce n'est pas si mal, finalement.
Ce n'est pas si mal.
Et sa manière de comprendre mais de continuer tout de même, sa façon d'avouer ses méfaits à demie-voix et de dévorer ceux des autres après coup -il est peut-être tout aussi illogique que toi, Côme. Juste d'une manière un peu différente, d'une manière un peu plus manichéenne oh un peu plus droite.
(t'es comme de travers,
somnifère.)
Et là non plus, tu ne réagis pas vraiment. T'as pas envie de réagir, t'as pas envie de déjà trop le mettre sur la touche -peut-être plus tard, avec d'autres questions. Peut-être plus tard, quand il t'aura un minimum rendu la pareille.
Et ce plus tard est venu plus tôt que prévu ; t'as tes iris qui se figent quand tu comprends sa question quand tu aligne les mots dans ton esprit. C'est étrange, cette sensation que tu as, celle qui te laisse penser qu'il sait exactement quoi demander à chaque fois -comme un touché-coulé où tous ses tirs sont gagnants. Tous.
Tu t'enlèves des saletés sous les ongles avec un cure-dent soudainement très intéressant, t'as les yeux fixés sur tes doigts et les épaules peut-être un peu trop tendues, pourtant t'essaies vraiment de ne rien laisser paraître. T'aimerais pas qu'il te prenne pour un malade, ni qu'il te prenne en pitié -naïvement, t'espères qu'il ne t'as pas déjà mis dans une de ces cases. Aaaaaah, je pensais pas utiliser un joker avant toi. J'suis trop gentil dans mes questions, ça doit être pour ça. Tu te redresses d'un coup, peut-être que ces centimètres en plus te rassurent. Je passe, donc. J'te laisse imaginer nombres de choses tordues, mais j'te rassure. J'ai pas assassiné mes parents parce qu'un vampire m'a possédé un soir de pleine lune. Tu ris -un peu nerveusement, mais tu ris, c'est déjà bien assez. Non, t'as pas tué tes parents. En un sens, c'est peut-être pire pour ta conscience.
Heureusement pour toi, c'est à ce moment-là que ta commande débarque et tu te rues sur la pizza, autant pour fuir que pour manger. Tu laisses pas le choix à Côme, tu t'installes à une table au hasard et si le siège ne lui convient pas, il n'aura qu'à rester debout -ou alors se mettre sur sa veste, que t'as déjà accroché à ton dossier. Rapidement, t'enfournes tout un bout dans ta bouche -on avait essayé de t'apprendre les bonnes manières, une fois, mais une pizza, ça a plus de saveur quand on la mange avec les doigts. Raaaaah, elle est trop bonne. T'en veux un bout ? Enfin, j'te demande mais c'toi qui l'a payée donc. Tu fais un peu ce que tu veux. Et tu t'attaques déjà à une deuxième tranche, vorace.
Mmh, pourquoi t'as eu l'idée de me poser cette question, d'ailleurs ? C'était pas un retour à l'envoyeur, juste de la curiosité un peu malsaine -pourquoi est-ce que tu demandes ça, Somnifère, si ça te dérange tant ? pourquoi est-ce que tu veux savoir, Somnifère, si tu ne veux pas en parler ?
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Côme Kowalski
Côme Kowalski
2015-11-29, 19:57
Tu t'y attendais un peu, quand même. A une telle réaction.
Tu n'as pas besoin d'attendre qu'il ouvre la bouche pour comprendre quelle est la réponse à ta question. Tu ne désires pas en savoir davantage. Tu es curieux, mais respectueux de sa vie privée. Ça ne t'apportera rien de découvrir tes secrets, sinon satisfaire tes envies de connaissances. Comme si cela allait vraiment changer ton monde. Tu te satisfais déjà de savoir quelque chose comme cela sur lui. De savoir que tu peux le faire se figer rien qu'en lui posant une question importante. Et, oui, il y a une satisfaction personnelle à constater que l'on n'est pas le premier à utiliser son joker. Le menteur que tu es espères même pouvoir t'en sortir sans en utiliser un seul. Tu voudrais être capable de tout dire sans rien dire. Ce serait ta victoire. La preuve que tes mots sont les plus forts. Que lui ne possède pas ce talent. (Chacun de vous avez vos propres qualités, en fait.)
Mais tu ne peux pas te permettre d'être gentil. Tu n'es pas attentionné. Tu ne le seras jamais, ce n'est pas toi. Alors tu ne peux t'empêcher de préciser :
« Je croyais que la pleine lune était associée aux loups-garou. »
Mais peu importe, franchement. Tu ne t'attends pas à découvrir un passé sombre digne de la pire mary-sue. Tu sais que l'on souffre parfois pour des problèmes d'une grande stupidité - comme les tiens. Tu sais que tu es responsable de tes propres souffrances - mais tu refuses de l'avouer à voix haute. Toi' c'est juste que tu as perdu beaucoup. Parce que tu avais déjà trop à la base, et que tu ne parviens pas à supporter le manque. C'est ta fierté qui en a pris un coup, parce qu'elle était sans doute trop haute dès le départ. Tu es tel un roi déchu, Côme ; tu as goûté au pouvoir et tu ne peux pas te défaire de tes désirs, tu recherches la couronne, non pas parce que tu penses que tu en aurais les compétences - car tu ne les as pas - mais parce que tu aimes l'ivresse d'être au sommet. Tu ne parviens pas à oublier ce goût de gloire qui te reste sur la langue. Ce doit être toi, et nul autre. Tu ne pourras pas vivre autrement. Même maintenant, tu ne fais que survivre. Tes sourires sont factices, tes rires sont forcés. Tu ne désires pas les objets dont tu t'empares ; tu désires la puissance qu'ils te confèrent, le sentiment de plénitude que tu ressens. Tu te sens plus grand, plus fort. Toutefois, ça n'est qu'une illusion.
Tu n'es pas un prédateur avec Alex. Peut-être parce qu'il n'a rien que tu ne désires lui prendre. Ou peut-être. Peut-être est-ce dû au fait que tu essaies d'être vrai, avec lui, pour chanter. Même si tu n'y arrives pas. Même si tu ne parviens pas à te défaire de ton personnage.
Voila donc la fameuse pizza, et déjà il t'oblige à te déplacer. Tu t'installes la où il a posé ta veste ; tu te fiches bien de savoir où tu t'assois. Les sièges sont tous les mêmes, de toute façon : inconfortables. A croire que tout est fait pour pousser le client à passer le moins de temps possible ici. Tu préfères ne pas le regarder ; ses manières à table laissent grandement à désirer, et tu te demandes même s'il ne serait pas en train de faire exprès. Tu ne fais aucune remarque. Et tu hésites longuement avant de lui répondre. Parce que tu ne vois pas comment tu pourrais goûter à sa pizza tout en conservant ta dignité. Toutefois, la tentation est la plus forte.
« Tu as raison, c'est moi qui l'ai payée. Passe-moi un bout. »
Tu n'as pas particulièrement faim, en ce qui te concerne. Peut-être ne manges-tu pas assez. Peut-être sautes-tu parfois certains repas parce que rien ne tente et que tu fais le difficile. Trop de préjugés. Tu devrais ouvrir ton univers, arrêter de rejeter loin de toi tout ce que tu estimes être indigne de toi. Mais regarde comme il est agréable de faire des choses qui ne te ressemblent pas. De fréquenter quelqu'un qui ne te correspond pas. Ton sourire naissant n'est-il pas plus sincère que d'autres fois ? Juste un étirement léger des lèvres ; mais il est né indépendamment de ta propre volonté, presque contre toi. Venu du cœur, tout simplement.
Avec Alex, tu te sens bien.
Et c'est la que se trouve la réponse à sa question.
« Je voulais simplement mieux te comprendre. Tu es tellement à l'opposé de moi, tu échappes à tous mes classements. Je ne sais pas quoi penser. J'ai peut-être essayé de t'enfermer dans une nouvelle case. Mais c'est la première fois. Sans doute la dernière, aussi. »
Est-ce mal de vouloir savoir comment il fonctionne ? De le voir comme une énigme que tu as envie de résoudre, et en même temps de te sentir surpris par lui ? Peut-être un mélange des deux. Un besoin de le découvrir et de le voir découvert. Tu en as peut-être un peu honte. Ça ne te ressemble pas, de vouloir un ami.
Un ami pour la première fois de ton existence.
Et tu en as peut-être un peu peur.
« Tu demandes à tous les gens que tu croises de te payer à manger ? »
Tu ne sais pas pourquoi, mais l'idée de ne pas être unique, de tomber dans un cycle déjà bien rôdé, te déplaît. Peut-être est-ce parce que tu as l'impression que cela ferait de toi sa victime, comme toi, tu le fais avec tous ceux que tu parasites. Tu demandes souvent aux gens de te payer un bon repas, et bien sûr, c'est en général beaucoup plus cher qu'une simple pizza. Tu n'as cependant pas envie d'être le dindon de la farce.
C'est sans doute la première fois que tu te rends compte du désagrément de tes actes.
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Somnifère
Somnifère
IS IT TOO LATE NOW TO SAY SORRY ?
2015-11-29, 22:11



ft. côme
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Sa réaction te fait sourire. Elle a cette légèreté que tu voulais ; tu ne supportes pas ceux qui s'inquiètent trop vite ou qui effacent sans même y penser -c'est étrange, comme on veut de l'attention mais pas trop non plus. Jamais trop, mais jamais passer inaperçu. Peut-être. C'est lâché entre deux bouchées, restant intelligible. J'sais plus. T'as compris le principe. J'suis pas un loup-garou non plus, de toutes manières. Triste vie. Parfois t'es vraiment con, Somnifère.
Ça doit faire trois minutes que vous êtes attablés, mais t'as déjà dévoré un quart de ta pizza -oh, ton ventre est plus fort que ta tête et que tes muscles, c'est pas une nouveauté. D'autant plus que tu sais jamais quand tu mangera de nouveau à ta faim -c'est un peu aléatoire, ces choses là, encore plus avec quelqu'un comme toi. T'es un peu bête, Somnifère, à avaler sans même apprécier -bah, ça reste une pizza d'une chaîne, elle est appréciable. On sent bien le miel, tu crois ; et tant qu'il y a le sucré-salé, ton petit palais est contenté -c'est si simple de te faire plaisir. Il y a un peu de silence qui s'installe, et puis la sentence tombe.
Tu t'arrêtes de t'empiffrer pour correctement mâcher et avaler, tu t'essuies même les doigts pour correctement lui découper une part, que tu glisses vers lui sur une autre serviette. Et t'attends. T'y croira pas tant que tu l'aura pas vu croquer dans ce morceau avec ses dents -parce que t'as pas pris de couverts, bien sûr, faut pas exagérer.
Et pendant qu'il parle, tu sépares les autres parts prédécoupées ; ça t'occupes les mains et ça fait taire ton envie de tout dévorer. Peut-être que t'as bien fait d'arrêter de manger, t'aurais pu t'étouffer face à ce qu'il te raconte. J'aime pas les cases. T'aimes pas juger, même si tu le fais. T'aimes pas ceux qui jugent, tu t'aimes pas non plus. T'aimes pas les choses qui vont trop vite, et pourtant tu cours à longueur de temps. Alors content d'apprendre que je rentre nul part. Tu te permets de prendre une bouchée de nourriture, parce que quand même, elle allait finir par refroidir avec les blancs qu'il créait dans ton cerveau. Ah, Alex. T'avoue bien qu'il retourne ta matière grise, ce bourge qui se dit stéréotypé mais qui finalement à l'air de cacher bien d'autres choses -toi aussi, tu ne sais pas où le mettre dans tes différents spectres d'adjectifs. Singulier, peut-être. T'es pas sûr. Tu t'en fous oh t'es prêt à rayer ça dès qu'il voudra te montrer l'inverse -tu crois, de toutes manières, qu'on change un peu tous les jours ; que parfois, on revient au point de départ mais que ça ne dure jamais longtemps.
Seulement quand je sais que ça va marcher. Et puis tu pouffes, parce que bordel, t'es vraiment débile, de vouloir juste voir sa face se décomposer. Naaaan, j'rigole. Je demande souvent des choses, mais j'en attends jamais grand chose. J'veux dire, ça m'arrangerait de les avoir, mais sinon je fais sans, quoi. Ca tombe souvent sur de la bouffe, par contre. Mais promis, d'habitude je fais la manche qu'à ceux que je connais un minimum. Parce que sinon t'as peur, parce que t'as besoin de te rassurer en disant qu'ils ne te verront pas comme un profiteur comme un sale lâche comme quelqu'un qui prend la facilité.
Tu ris, parfois ?
C'est sorti sans que tu ne le veuilles, ta tête s'arrête un instant dans son mouvement quand tu te rends compte que tu l'as dit. Tu lèves un sourcil et recommence à manger, parce qu'à la fin, c'est une question intéressante. Est-ce qu'il rit ? honnêtement ? bruyamment ? à gorge déployée ? intérieurement ? doucement ? en privé seulement ? Il y a tellement de rire. Peut-être que tu veux connaître le sien.
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Côme Kowalski
Côme Kowalski
2015-11-30, 10:12
C'est un échec, au final. Cette tentative pour le comprendre ne sera jamais fructueuse ; tu penses mal, Côme. Tout est question d'étiquettes que tu colles aux gens afin de les différencier, de choisir ceux qui te seront utiles et de rejeter tous les autres. Utiles. Voilà ton critère ; mais au fond, tu as tort, un être humain n'est pas « utile ». Il est intéressant, attachant, agaçant, aimable ou antipathique, mais certainement pas utile ; il vit pour lui-même, il n'a pas besoin de t'apporter quelque chose pour avoir le droit de vivre. Parfois, tu tends à l'oublier. Peut-être parce que tu considères ta propre vie comme étant utile. Comme un moyen pour parvenir à tes fins. Mais voilà, Alex, il vivra sa vie, peu importe la façon dont tu le traites. Il est libre, lui. Il a ses propres chaînes mais il n'est pas prisonnier de conventions que d'autres lui imposent. Il n'est pas comme toi, à essayer de correspondre à une image qui devient toi parce qu'elle a effacé tout le reste. Tu as l'air riche, mais tu ne l'es pas. Tu as l'air d'appartenir à une grande famille, et pourtant tu rejettes tes parents, refusant de les voir car tu es en désaccord avec eux. Tu es sans doute un paradoxe, Côme ; il est tout aussi de te comprendre que de saisir l'essence d'Alex. Toi aussi, tu es un être humain, avec ta complexité. Tu n'es pas un personnage dont la psychologie est à peine esquissée, tu es vrai. Tu joues au faux, simplement. Et n'arrives plus à t'échapper de cette spirale. Mais il y a du vrai en toi. Fais des efforts, et fais-le ressortir.
C'est déjà bien que tu aies accepté de goûter à la pizza. Parce que le Côme dont tu endosses le rôle aurait refusé, purement et simplement. Ce Côme-là n'aurait d'ailleurs jamais franchi le seuil de la pizzeria. C'est la preuve que tu n'es pas lui, que tu peux aussi avoir ta volonté propre - il te suffit d'essayer. Un jour, tu pourras te défaire de ce rôle. Un jour. En attendant, tes gestes sont empruntés. Tu sens son regard sur toi, et cela te dérange ; tu as l'impression d'être un animal de zoo. On dirait qu'il t'observe avec la curiosité que l'on éprouve face à l'inconnu, et peut-être espère-t-il que tu te rateras quelque part. Tu es une curiosité, de toute façon, on en croise pas beaucoup des comme toi. Il a dû en croiser, des bourgeois coincés, ce n'est pas rare ; mais un faux bourgeois, ça ne court pas les rues. Manger avec les doigts n'est pas très agréable : tu sens une partie de la garniture te couler sur le doigt, et tu te retiens de grimacer ; tu n'as pas envie de lui montrer que cela te dérange. Tu te sens déjà trop gauche, cela t'embarrasse. Même si tu ne sais pas si c'est la situation qui provoque cette gêne, ou si ce sont ses yeux rivés sur toi. Tu finis par la goûter, cette pizza. Et tu trouves tout de suite que le goût n'est pas subtil. Tu aimes le sucré-salé, mais le goût du miel est trop fort. Le chèvre pourrait bien s'associer, mais à ton avis, la quantité est un peu trop importante ; à la longue, le goût doit lasser. Enfin, vu comme il mange rapidement, cela limite peut-être ce genre de risques. Ces deux saveurs devraient s'associer, mais tu as l'impression qu'elles se livrent un duel, comme si on avait déposé les deux ingrédients phares sans aucun souci d'harmonie, et que ceux-ci sont forcés de lutter pour ne pas être annulés par l'autre. Tu le regardes, un brin perplexe.
« C'est si bon que cela, pour que tu aies tant envie d'en manger ? »
S'il n'y avait que cela dans ton assiette, et que tu avais le ventre vide, tu ferais peut-être un effort. Après tout, ce n'est pas mauvais, et pour un paresseux dans ton genre, qui n'aime guère s'embêter à cuisiner, c'est une formule plutôt avantageuse. Et ils prennent la carte bleue, n'oublions pas. Toutefois, tu ne vois pas trop comment on peut désirer manger une telle pizza. Tu connais bon nombre de plats mêlant le miel et le chèvre et qui sont tellement mieux faits - mais sans doute n'est-ce pas de son niveau.
Tu ne sais pas trop comment réagir à sa réponse. D'un côté, tu es satisfait de voir qu'il n'est pas aussi rapace que toi, qu'il a posé des limites. De l'autre... eh bien, c'est qu'il est un peu comme toi, non ? Mendier de la nourriture - ou toute autre chose -, l'acte est le même dans le fond. Ce sont vos résultats qui divergent, rien de plus. Et, tu ne sais pas. Tu es content de pouvoir enfin mettre le doigt sur ce qui te paraissait familier en lui, et en même temps, tu t'inquiètes un peu de te trouver une forme d'alter ego là où tu t'y attendais le moins. Comment cet homme, qui est ton contraire, peut-il en même temps agir exactement comme tu le fais ? Si tu y réfléchis trop, cela va te forcer à te remettre en question. Et tu n'en as pas envie. La différence, peut-être, c'est que lui essaie mais semble envisager la possibilité d'être vaincu. Toi, tu ne saurais admettre la défaite. Tu ne bats en retraite que lorsque tu as conscience que les risques sont trop grands, mais cela te laisse un sentiment d'amertume assez désagréable.
Tu ignores pourquoi tu te retrouves à lui dire :
« Si tu demandes peu, tu pourrais te permettre de demander à des inconnus. C'est ce que font tous les mendiants qui attendent dans le coin de la rue. Ils comptent sur la générosité de personnes dont ils ne croiseront plus jamais le chemin ensuite. C'est lorsque tes demandes sont complexes que cela nécessite plus de doigté, tu ne crois pas ? »
Oui, tu le trouves maladroit. Mais en même temps, tu as un point de comparaison : toi-même. Tu ne prétends pas être plus doué, surtout vu le nombre de tes ratés ; mais tu penses quand même l'être un peu. Tu es sûr que tu as déjà extorqué plus à une seule personne que tout ce qu'il a pu obtenir de tout le monde. Chacun son domaine. Tu le vois comme un petit joueur, en fait.
Et puis tu te rends compte de ce que tu viens de dire et, mal à l'aise, tu avales le reste de ta part dans un geste fort peu élégant.
Ce n'est pas ce que tu étais censé dire. Tu aurais dû te montrer en exemple et lui dire qu'il doit travailler par lui-même pour obtenir ce qu'il désire. Qu'il doit faire preuve d'honnêteté. Cependant, les mots ne sortiraient pas. C'est un mensonge, et tu n'aimes pas mentir. Tu préfères déformer la vérité. Il n'empêche - pour le coup, c'était trop sincère, cela reflétait parfaitement ta façon de penser. Le fait qu'être un profiteur, ça ne s'improvise pas - qu'on peut en faire un véritable métier. Tu n'as pas envie de lui dire que c'est à cela que tu consacres tes journées. Tu essaies d'être franc avec lui, toutefois, tu ne peux t'empêcher d'apprécier le fait qu'il te prenne un peu pour ce que tu sembles être - même s'il a dû remarqué des fissures dans ton masque. Tant que celui n'est pas brisé, il ne peut cependant pas voir ce qu'il y a derrière. Ce qui te protège encore - pour le moment. Mais combien de temps l'imposture va-t-elle tenir ?
« Je ne sais pas si je ris. Peut-être ? Tout le monde rit de toute façon. »
Tu es vraiment perplexe face à sa nouvelle question. Qui ne te fait pas rire, qui plus est. Bien sûr, tu ris, mais c'est rarement honnête - alors, est-ce que tu ris pour de vrai ? Tu le pourrais, tu es humain après tout. Mais dans quelles circonstances pourrais-tu le faire ? Voilà qui n'est pas très clair. Dans le fond, tu n'en sais rien. Tu n'es certain que d'une seule chose :
« Je suppose que je ris, quand je me moque des autres. »
Tu n'as jamais prétendu être quelqu'un de bien ; et de toute façon, Alex doit désormais être pleinement conscient de ce défaut. Méprisant, hautain, égocentrique ; dans la fiction, ces traits sont souvent assimilés à des formes de qualités négatives, qui confèrent un charme à un personnage d'essence mauvaise. Mais soyons honnêtes : ce sont des défauts insupportables. Tu es en tort, Côme, ne l'oublie jamais. Tes opinions sont faussées, et tu serais capable de faire du mal sans même t'en rendre compte. Non, ce n'est pas bien. Et tu ferais mieux de ne pas t'en réjouir, car viendra sans doute le jour où tu regretteras d'être comme ça.
Un jour qui viendra peut-être plus tôt que tu ne le penses.
Essayant d'oublier ta gêne occasionnelle et ton aveu un peu problématique, tu préfères enchaîner sur un sujet qui ne te mettra pas en défaut.
« Est-ce que tu penses être capable de me faire rire ? »
Vos conversations sont comme des joutes. Vous ne cessez de vous renvoyer la balle, d'être celui qui posera la question qui dérangera l'autre. Et pour l'instant, tu sais que c'est toi qui as un légeravantage, vu que tu as un joker d'avance. C'est normal, tu es un bon rhéteur ; tu sais aussi trouver les points faibles des autres. Ton regard s'illumine, ton sourire veut malicieux ; oui, tu essaies de tester Alex, voir jusqu'où il peut aller, tout ce qu'il lui est possible de raconter sans perdre la face. Il t'a bien testé aussi, après tout, te sortant de ta zone de confort, te faisant expérimenter ce sentiment que tu connais si mal - la honte.
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