sur l’échelle des emmerdes, on pourrait même parler de l’everest des problèmes Δ HANNIBAL

musique – Dans Velvey.
Tu manques de t'étouffer avec ta propre salive. Merde, tu ne pensais pas qu'il serait si cash. Tu le fixes, médusé, quelques instants, avant de te concentrer à nouveau. Tu ne dois pas te laisser déstabiliser. Est-ce que ce serait du bluff ? Ce serait plus prudent. Un bras droit pourrait-il se permettre de lâcher l'emplacement imprécis de son QG pour un jeu aussi immature ? Tu te sens incroyablement frustré. Tu t'es fait avoir comme un bleu et tu donnerais n'importe quoi pour lui éclater le nez afin de reprendre ta fierté – oui, tu es désespéré. Tu regardes droit devant toi attendant désormais, en plus de ses moqueries, à une question qui allait te mettre dans l'embarras. Tu joues avec les glaçons dans ton verre et enfin, elle tombe : Où se trouve précisément le QG du Nord ? Tu serres les dents et le regardes du coin de l'oeil. Merde. Tu n'es décidément pas fait pour ce genre de jeu, surtout vu ta naïveté grandissante.
Tu lâches un râle d'agacement avant d'apporter la liqueur à tes lèvres et tu t'enfiles deux, trois grandes gorgées. L'alcool brûle ta gorge et ton palais, tu grimaces légèrement et peux déjà sentir les effets germant doucement dans ton corps. Il faut que tu trouves un moyen de le faire boire, mais comment ? Alekseï ne semble pas perturbé par balancer les quatre vérités, alors le piéger risque d'être une tâche difficile.

Tu souffles un coup et reposes ton menton dans le creux de ta main. Tu fixes les alentours à la recherche d'une idée quelconque. Ou du moins une idée qui n'en offrirait pas une à ton ennemi par la suite. « Connard. » Siffles-tu entre tes dents. Il a bien changé, ce gamin auquel tu as déboîté la mâchoire il y a quelques années. Tu te grattes la nuque et soupires. « Très bien... Ce que tu as le plus peur de perdre ? »

Une question un peu bateau, et dangereuse, car il pouvait répondre ce qu'il voulait. Mais au moins, tu aurais l'occasion de connaître l'une de ses faiblesses, qu'il s'agisse d'un objet, d'une personne ou de quelque chose d'immatériel. Tu ignores tout de lui et il est important de connaître ses ennemis sur le bout des doigts – si seulement il accepterait de répondre à la question.
Tu te cales confortablement contre le dossier de ta chaise et croises les bras. Tu restes le regarder intensément, mais sans sourire. Tu n'es pas vraiment satisfait de ce que tu as trouvé et tu espères être plus productif plus tard dans la soirée – si tu n'es pas mort saoul d'ici là. Une chance que vous n'ayez rien parié pour le perdant, sinon tu risquerais gros, très gros.

l'échelle des emmerdes

mind is gone ▬ « Connard » Ce n'était pas une nouveauté, mais cela ne l'avait pas empêché de sourire en réponse à cette insulte lancée à son encontre. Hannibal ne l'avait sans doute pas vu venir, mais grâce à cette répartie, il serait sans doute plus prudent à l'avenir. Le voir descendre son verre l'enchante, oui, le bras droit de l'Est se réjouit vraiment de cet échange. Même si l'idée de jouer à un jeu aussi stupide à leur âge lui laissait un goût amer en bouche, il fallait avouer que c'était assez amusant... Après tout, grâce à ça, il découvrait d'autres facettes du chef du nord et ce n'était pas négligeable. En apprendre plus sur lui, c'était peut-être pour ça que sa quête éphémère du « j'veux décuver » l'avait mené ici. Mené, trois coups d'avance, c'est ce qu'il croyait depuis le départ ; mais l'Irlandais le sentait, il le voyait déjà venir et se préparait lentement, il se préparait à tomber de haut dans très peu de temps. « Très bien, ce que tu as le plus peur de perdre ? » Vous voyez ? Il l'avait senti, il s'y était préparé à cette question trop personnelle à laquelle il ne savait concrètement pas quoi répondre.

Perdu dans ses songes, Alekseï ne peut s'empêcher d'être surpris par cet intérêt soudain pour sa vie privée. Qu'est-ce que c'était que cette question ? Que répondre ? Et pourquoi se retrouve-t-il complètement perdu comme un enfant dans un magasin en cet instant ? Qu'est-ce que c'est que cette impression étrange d'être de nouveau au pied du mur ? Il n'y avait pourtant pas de quoi ; pas de quoi être autant chamboulé, si ? Il ne sait pas. Il ne comprend pas et c'est cette incompréhension qui le pousse à attraper son verre avant de peser le pour et le contre... C'est ce que l'Irlandais aimerait faire croire ; mais au fond, il n'en sait rien. De nombreuses peurs, de nombreux doutes ; c'était là son quotidien. Perdre Edelweiss ? Il l'avait déjà perdu. Perdre ses amis ? Non, ce n'était que des pions pour lui, pour parvenir à ses fins... Sa mémoire perdue ? Oui, cette mémoire perdue l'effrayait, mais ce n'était pas cela qui le terrifiait le plus. La réponse est évidente, mais peut-il vraiment se permettre de lâcher ça comme ça ? Non, certainement que non. Mais voilà Alekseï, t'est un con accroc à l'adrénaline et qui aime le risque.

« Hum. » Oui, il fait semblant de réfléchir, car l'alcool sur son cerveau semble maintenant reprendre une certaine emprise. Une telle emprise qu'il ne lui serait bientôt plus possible de faire marche arrière ; mais ça, l'Irlandais en à conscience, un peu trop peut-être. Cet homme n'est qu'un imbécile, un gars qu'à bien trop confiance en lui. Un jour, il se brûlerait les ailes et c'est sans doute toi Hannibal qui jouerait le rôle de son bourreau ; et dans le fond, ça ne semble pas lui déplaire le moins du monde. Posant le verre sur son front, son regard se perd, contemplant à première vue la table, mais ce sont ses songes profonds qui l'enfonce loin, qui le perde de nouveau. Dans un soupir, l'homme reprend ses esprits, pose délicatement son verre sur la table et laisse vagabonder son regard dans le vague. « J'ai déjà perdu ce que j'avais de plus cher ; plusieurs fois. » Il pourrait boire, il devrait boire ; aux échecs, on appelle ça le zugzwang. Quand le seul coup valable pour s’en sortir, serait de ne pas jouer... Tu cherches trop la merde Alekseï.

« J'ai peur de moi. J'ai peur de devenir fou. J'ai peur de ma violence, de ma rage. » Bon sang. Pourquoi t'es aussi franc Alekseï ? Pourquoi maintenant ? Cela te sers à quoi d'te vendre comme ça ? Il enfouit sa tête dans sa grande main, comme si c'était son dernier rempart pour se cacher, pour ne pas être brisé. L'alcool et la drogue, foutus merdent. « Mais ça, tu n'peux pas le comprendre, je suppose ? » Il n'en savait rien, strictement rien et ce n'était pas la question qu'il souhaitait lui poser maintenant. L'Irlandais porte de nouveau son verre à ses lèvres. Une gorgée comme handicap ? Non, même plus. Il en avait juste besoin ; comme chaque soir depuis des années... « Est-ce que t'était sincère Hannibal ? » Le verre est posé, ses pupilles sont closes et ne daignent plus se rouvrir pour l'instant, jusqu'à la sentence. « Tes excuses de tout à l'heure à mon égard. Elles étaient vraiment sincères ? Ou tu cherchais juste à te racheter une conscience ? » Pourquoi revenir là-dessus ? Est-ce que tu cherches à lui donner un peu de répit Alekseï ? Où tu commences vraiment à ressentir les effets de l'alcool... ? Un coup de bluff ? Qu'est-ce qui est vrai ? Qu'est-ce qui est faux ? Aucun moyen d'le savoir pour l'instant ; mais au moins, une question était posée.

spationaute en orbite autour d'la terre

musique – J'ai déjà perdu ce que j'avais de plus cher ; plusieurs fois.
A force de vouloir jouer au plus malin, tu te sens drôlement mal à l'aise. Tu n'es pas vraiment du genre à vouloir fouiner dans le passé des gens – ennemis ou non – car tu ne connais que trop bien la sensation des plaies jamais cicatrisées. Ton sourire s'efface peu à peu à l'image de ton regard joueur, il devient un peu plus triste, un peu plus mélancolique. Tu n'as jamais vu Alekseï de la sorte – tu ne l'as jamais vu tout court autrement que par terre à te maudire, se noyant dans son propre sang. Cette pensée t'arrache un frisson de dégoût envers ta personne. Tu n'étais vraiment pas un bon chef à l'époque – tu ne l'es toujours pas, tu le sais, mais tu as au moins le mérite d'être plus juste envers ceux qui souhaitent rejoindre vos rangs. Si tu pouvais remonter le temps, ce serait une des erreurs que tu corrigerais sans aucun doute.

Tu joues avec les glaçons dans le fond de ton verre. Tu as envie de boire mais le jeu n'est pas fini et tu sens déjà que tout te monte à la tête. Tu as beau passer tes jeudis soirs à zoner dans différents bars autour d'Equilibrium, tu ne seras jamais enclin à supporter plus de trois verres sans tourner de l'oeil. J'ai peur de moi. J'ai peur de devenir fou. Ce qu'il en conclue te laisse un peu perplexe et tu ne comprends pas tout de suite. Tu restes de marbre, concentré sur ton petit jeu avec les glaçons déjà à moitié fondus au fond de ton verre.
Comment rendre un homme fou ? Tu l'ignores. Cela mérite réflexion, cependant car il est vrai que lorsque l'on a tout perdu, on a plus que soi-même à craindre. Est-ce que t'étais sincère Hannibal ?

Tu relèves le bout de ton nez, soudainement extirpé de tes songes. Tu es surpris par cette question, tu n'imaginais pas qu'il puisse vraiment s'intéresser à la véracité de tes mots. Tu te mords la lèvre inférieur et un sourire t'échappe. Il est vraiment enfantin, en fait.

« Malgré tous mes défauts, je ne suis pas un menteur. »

Dis-tu presque songeur. Tu tournes tes yeux vers lui un court instant. « Oui, j'étais sincère. J'ai beaucoup changé depuis. Excuses fausses ou non, de toute manière, on ne peut pas revenir en arrière. Mais ça avait besoin d'être clair. Je ne suis pas là pour faire de toi mon ennemi numéro un. »

Tu ne vas pas jusqu'à avouer que tu as de la sympathie à son égard mais tu t'imagines mal lancé une guerre contre lui – tu aurais moins de remord à attaquer le sud ou l'ouest. Tu finis ton verre d'une traite, le jeu est terminé selon toi, et te relèves. « Maintenant... A toi d'en décider autrement si tu le souhaites. Sur ce. »

Tu lui tires presque ta révérence d'un geste de la main et finis l'abandonner seul au fond du bar. Toi ? Tu ne veux juste pas avouer qu'il avait gagné. Tu te sens déjà saoul. Ah. Quel con.

Fin.

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