Do you believe in Magic ? | Midas & Light

Aujourd'hui tu avais un rendez-vous important. Une visite chez le vice-président d'une société dont tu avais acheté des parts. Tu voulais établir une connexion avec lui, et surtout voir à quoi ressemblait le futur PDG pour savoir si tu vendais ou achetais plus d'action en bourse de leur boite. C'était important, et cela incluait beaucoup d'argent. Et si de l'argent, tu en avais à en crever, tu refusais d'en perdre pour des bêtises. Tu t'étais réveillé avec une migraine, et ailleurs de l'endroit où tu pensais t'être endormis. Car tu ne dormais définitivement pas dans la baignoire. Tu avais pris un bon bain glacé pour te rafraichir l'esprit et passer à autre chose. Ca ne marchait que moyennement. Une fois sec, tu avais choisis un costume de grand couturier dans ton dressing qui était plein de globalement la même chose, et dans un coin, roulés en boule, ces vêtements dont tu ne voulais même pas reconnaitre l'existence. Tes cheveux en queue de cheval, un peu de parfum, un air professionnel sans un sourire accroché sur ta face et te voilà prêt. Tu prend un taxi, d'une marque de luxe encore, pour aller jusqu'à ta destination. Conduire toi-même n'est pas une option même si tu possèdes une voiture magnifique.

T'y voilà. Tu es accueilli par le maître des lieux et après une poignée de main sincère, tu t'apprêtes à lui expliquer les raisons de ta venue quand soudain, ton crâne hurle. Ton cerveau est comme coupé en deux, une douleur criante qui sépare ton être. La migraine de ce matin a atteint un stade insupportable. Vacillant, essayant de garder calme et dignité, tu demandes où sont les sanitaires avant d'y aller t'enfermer. Tu essayes de passer de l'eau sur ton visage mais rien n'y fait, la douleur ne fait que grandir. Tu vois double et puis tout devient blanc, tout disparaît.
Et tes cheveux noirs blondissent, et tu relèves la tête avec un sourire qui traverse tout son visage où tombent encore des gouttes de l'eau projetée dessus dans une vaine tentative de...de quoi ? Essayer de garder le contrôle. Mais c'est inutile. Tu es toi, enfin, libre. Tu libères ta chevelure qui vient caresser tes épaules  tandis que tu fais rouler ta nuque. Ton costume te parait bien trop formel aussi laisses-tu sur le bord du lavabo la cravate et la veste avant de déboutonner les premiers boutons de la chemise. C'est bien mieux.

Te revoilà en dehors des sanitaires, face au maître des lieux. Bien étonné, doit-il être de te voir avec ta nouvelle coupe, mais c'est un tracas qui ne te traverse même pas l'esprit. "Croyez-vous en la magie, Monsieur Vega?" demandes-tu en faisait apparaître dans ta main une rose aux milles couleurs du ciel, avant de la faire disparaître aussitôt. "Ou est-ce seulement les chiffres qui vous intéressent, car dans ce cas-là, laissez-moi vous faire découvrir qu'il existe bien plus excitant." Pendant ton petit discours, tu te balade dans la pièce et repère quelques petits objets intéressants à ''emprunter" pendant ton passage en ces lieux. Et c'est fou ce qu'il y a de choses en or ici.

Tu es dans un état de ravissement certain. L'autre semble s'amuser de tes tours, et cela te conviens parfaitement. Un bon public est l'essentiel pour un magicien, car quelqu'un qui ne répond pas à tes tours de passe-passe est d'un très ennuyant et de deux plus dur à voler. Or il y a déjà des bibelots qui t'on tapé dans l'oeil et tu profites de votre voyage vers le bureau pour laisser flâner tes mains baladeuses. Pourquoi voler ? Tu n'as besoin de rien. Tout ce qui est dans cette maison, tu pourrais te l'acheter d'un claquement de doigts. Mais voilà, en boutique, il n'y a pas ce frisson, ce risque qui te parcourait l'échine quand tu volais. Enfin, tu penses, car tu ne t'es jamais déplacé en boutique. Dommage d'ailleurs. Né avec une cuillère d'argent dans la bouche jamais faire tes propres achats ne semblait t'avoir traversé l'esprit avant, et c'était regrettable, oui, tu allais réparer ça aussi vite que possible, car une part de toi savait ce que tu manquais et voulais le ressentir à nouveau. Mais tu restais d'accord, en tout cas en partie, que le vol était bien plus intéressant et que le réel intérêt d'aller en magasin était la quantité de choses à voler bien entendu. C'était donc une activité à rajouter sur ta to do list, déjà bien remplie il fallait dire, à cause de ton emploi du temps de ministre que tu ne cessais de vouloir fuir tout en continuant à le remplir. Paradoxe, mais tu en étais un à toi tout seul après tout, donc rien d'étonnant.  Avant de vous mettre en route, il y avait eut une remarque sur ton changement d'apparence, juste de quoi te tirer un court rire cristallin et une remarque, qui pouvait être aussi innocemment sincère que teintée d'humour "on me dit souvent que j'ai l'air magique."

Le bureau était fonctionnel et bien agencé, se disait une partie de toi tandis que l'autre ne faisait que chercher ce qu'il y avait à voler. Tu te posa bien gentiment sur le fauteuil en scrutant non seulement la pièce mais aussi ton interlocuteur des yeux. Tu ne l'avais pas vraiment observé avant, pourtant il était agréable à regarder, quelle inattention de ta part. Un look assez peu commun chez un homme d'affaire, mais qui étais-tu pour faire ce genre de remarque ? Tu n'avais absolument pas l'allure de ce que tu prétendais être actuellement, et c'était la meilleure chose qui puisse t'arriver après ces maux de tête.  Il s'assoit en face de toi, dans un fauteuil identique et non pas à son bureau. Une part de toi l'a remarqué, ce petit détail qui serait anodin pour beaucoup. Cela signifiait que le rapport de force entre vous restait sable, te disais-tu, chuchotant presque, intérieurement. Et quand il évoqua une capacité à faire danser les chiffres, un pic te traversa la crâne, mais rien de bien sérieux, pas déjà, pas maintenant. Tu ne lui offrit qu'un sourire à la suite de ses propos. Oui, la magie était bien plus intéressante que ces histoires d'actions. Si tu avais voulu tenter une OPA hostile, il y aurait eu plus d'enjeux mais maintenant ce blabla de banquier te passais largement au dessus de la tête. Oui, nous étions là pour parler de magie après tout. Le voilà qui repart sur ton apparence, ce changement de couleur a l'air de l'avoir bouleversé, mais ce n'est rien à coté de ce que tu peux faire. Et tu lui dis "croyez-moi, monsieur Vega, vous n'avez encore rien vu."

Tu joins tes mains secoues un peu et fais apparaitre une carte plus vraie que nature, un as de cœur. Tu la fait danser dans tes doigts, toi seul peut donner à tes illusions une impression solide, leur intangibilité étant leur seul défaut, mais tu y travailles, et à chaque fois qu'elle se retourne sur la face, c'est un nouvel as qui s'affiche, pique, carreau, trèfle, cœur à nouveau, tu la fais jongler puis elle retourne entre tes deux mains et paf, plus de carte, c'est comme si elle n'avait jamais existé, ce qui, entre nous, est la vérité. Mais ça, ton public, d'une personne, n'est pas obligé de le savoir. "Tadaa" fais-tu en écartant légèrement les bras et en baissant la tête. Ce tour était facile, tu es même capable de le faire avec de vraies cartes, mais dans ce costume qui te fait ressembler à un magicien de Sailor Moon, la cape en moins, tu n'as malheureusement ni roses ni cartes. "Que pensez-vous de mon petit tour, mon cher monsieur ? "