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MUSIQUE – La plupart des gens ont oublié d'aimer les animaux. La technologie satisfait tous les besoins : compagnie, divertissements, sentiments. Hannibal faisait parti de cette petite poignée de personne qui recueillait la première bête poilue qui passait devant son palier et n'hésite pas à s'afficher avec. Dans la rue, les gens le regardent tous avec ce même air médusé & à la fois curieux lorsqu'il traverse les rues interminables d'Equilibrium, un chaton sur l'épaule – Zébulon est trop gras pour tenir, soit il glisse , soit il lui détruit l'épaule. Le dos courbé & le pas un peu nonchalant, c'est un peu difficile de deviner jusqu'où il veut se rendre. Être chef de gang n'a, au final, rien de bien palpitant. On se contente de donner des ordres et d'attendre qu'ils soient exécutés, on tue le temps en faisant semblant de semer la terreur. On est un leader pantouflard, on se contente d'être charismatique et de savoir gueuler fort comme un animal & ça suffit. Rien de plus, rien de moins. Parfois, la vie avait eu le don d'être excitante derrière les barreaux. On y rencontre des petits et des grands meurtriers, tous intéressants à écouter, un peu comme au zoo. Il n'irait pas jusqu'à songer une seule seconde à y retourner pour se divertir mais il est vrai qu'à l'époque, la vie avait un peu plus de piment. Paradoxal quand aujourd'hui on est l'une des têtes les plus traquées au sein de la cité. Mais jamais un flic ne s'est arrêté devant lui pour tenter de l'arrêter. Il faut croire qu'Equilibrium avait bien mieux à faire que de remettre un meurtrier à sa place. Peut-être qu'Equilibrium commence même à peiner à différencier le bien du mal. Hannibal non plus ne sait plus trop où il se trouve.
Enfin, géographiquement parlant, il ne traînait pas dans son territoire – chose plutôt risquée étant donné qu'il ne connaît pas du tout son nouveau rival – une nouvelle femme, paraît-il, à la tête de l'Est. Des rumeurs courraient que ce n'était qu'une gamine pas plus impressionnante qu'une mouche, rien de bien méchant. Et Hannibal n'est pas reconnu pour être le genre à réfléchir profondément avant d'agir alors oui, c'est sans doute par pure provocation qu'il traversait l'arrondissement de Velvey sans pression.
Son épaule heurte quelque chose – quelqu'un. (Putain ce cliché tape moi j'ai pas d'idée) Le matou manque de tomber aussitôt et plante soigneusement ses griffes DANS SON PUTAIN DE BRAS. Douleur et damnation.
« Yo. »
Hannibal posait sa grand main sur le haut du crâne de la rouquine et la tournait vers lui. T'as peur hein ?
« Excuse-toi. Silence. Tu as bousculé le chat. »
endless stories of the distant yesterdays
Invité
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2015-10-29, 17:06
LIFE BOAT Tu inspectes ton territoire pour la seconde fois aujourd'hui. Il y a quelque chose d'un peu compulsif dans ta façon d'arpenter le quartier - quelque chose d'impérial dans ta démarche qui rappelle la reine sur son échiquier, le menton haut & le regard impavide ; vide, aussi, d'une certaine façon. Les rues sont animées, à cette heure ; tu observes en silence le visage désincarné des passants qui te croisent sans te voir, de la mère au foyer débordée jusqu'au fonctionnaire déjà ivre en passant par les couples qui avancent main dans la main sans échanger un mot - tu traverses d'un pas pressé l'écheveau des vies qui s'entrecroisent sans jamais se mêler tout à fait. Les talons de tes escarpins claquent contre les pavés, marquant un tempo aussi infernal qu'hypnotique - tes longs cheveux roux épars sur tes épaules, ton manteau luxueux soigneusement ajusté : tu es l'image de la frivolité de grand luxe. Voilà un masque social dont tu te serais bien passé - la jolie fille des soirées mondaines et la petite héritière high profile que la presse people s'arrache ; aux yeux de la belle société tu es une perle, & des perles, on t'en fera des colliers. Tu es Eleanor sur la couverture des magazines, Eleanor en haute couture et pierres précieuses, Eleanor futile & dispendieuse - dans la rue, cependant, tu n'es plus qu'Esmeralda.
Encore dix minutes, et tu retourneras au quartier général. Cela fait quelques années, maintenant, que tu as pris pour habitude de faire le tour du propriétaire - bien avant, même, d'oser espérer devenir le propriétaire en question. On n'est jamais mieux servi que par soi-même, il paraît ; tu es la meilleure de tes sentinelles. Et de loin - s'il devait arriver quoi que ce soit d'un tant soi peu contrariant dans le périmètre, tu serais la première au courant ; & par conséquent, la première à appliquer des mesures drastiques. Tu jouis pour l'instant du privilège de l'anonymat - tu es une nouvelle tête dans le secteur, et si tes rivaux immédiats se sont peut-être arrangés pour découvrir ton identité, ils ne savent rien de tes méthodes ; s'il n'est jamais trop tôt pour se faire un nom, tu comptes bien exploiter au maximum le bénéfice du mystère. C'est dans cet état d'esprit que tu fais volte-face, dans un tourbillon de mèches soyeuses & de textile onéreux, fendant la foule sans un regard en arrière - ni en avant, de toute évidence ; tu percutes une homme de plein fouet.
Yo, dit-il. Tu as tout juste le temps de reprendre ton équilibre que sa main se pose sur le sommet de ton crâne, te faisant pivoter dans sa direction - tu hausses un sourcil franchement dédaigneux, levant les yeux vers l'importun ; oh. Il ne te faut pas plus d'un quart de seconde pour le reconnaître : Hannibal Somerset a de ces traits qu'il est difficile d'oublier - un fasciès tracé au couteau & une expression qui aurait donné pâle figure à la grande dépression. Tu ne l'as jamais rencontré, mais ton prédécesseur t'avait mise en garde : le leader du nord est, d'un accord commun, une abominable brute. Et en l'occurrence, il est dans ton camp. Tu t'immobilises, un sourire glacial écorchant tes lèvres ; excuse-toi, il a la voix grave, même pour un homme. Tu as bousculé le chat. Tu jettes un coup d'oeil hautement sceptique à la créature touffue qui, de toute évidence, ne tient en équilibre que par la seule force de sa volonté - & de ses griffes. L'espace d'un instant, tu te sens saisie par l'envie stupide de le prendre dans tes bras et de le gratouiller derrière les oreilles ; tu as toujours préféré les animaux aux gens, et celui n'y fait certainement pas exception - plus tard, cependant. Pour l'instant, tu es en colère. Tu saisis la main qui te surplombe encore d'un geste vulgurant, & tu en tords violemment le poignet - pas suffisamment pour fêler quoi que ce soit, juste assez pour que ça fasse mal.
- Ah, vraiment ? Tu souris toujours, mais tout le reste de toi est polaire - jusqu'à tes accents étrangers. Ca ne serait certainement pas arrivé si tu étais resté à ta place, Somerset. Tu recules d'un pas, comme pour mieux le jauger. Tu devrais être prudent. Tu ne sais pas ? Il y a un nouveau leader, ici. Tu effleures le museau de l'animal du bout des doigts. Qui plus est, tu ne devrais pas l'emmener par ici, tu ajoutes d'un ton agacé. Les chats n'aiment pas la circulation.
MUSIQUE – Et dire que les véhicules un peu plus hauts au-dessus des têtes ne se doutaient même pas que deux rois venaient de se rencontrer pour la toute première fois. La jeune femme ne s'était pas excusée et n'avait pas perdu son temps, elle lui avait même saisi le bras avec une sacrée poigne. La douleur était minime, ses antécédents de professeur de boxe l'avait obligé à s'accoutumer à de telles sensations, et la prison.. N'en parlons pas. Arriver dans l'univers carcéral est quelque chose de fort sur le plan moral. C'était l'occasion d'observer toutes ces âmes un peu perdues qui se sont retrouvées sous le même toit. Des malades, des psychopathes, même des innocents, puis des types biens qui ont juste merdé une fois et qui vont le payer jusqu'à la fin de leurs jours, pourrissant dans une cellule avec l'espoir vain qu'on vienne plaider leur cause. Dans le cas d'Hannibal, personne n'était venu lui rendre visite. Son affaire était déjà classée et il ne verrait que le même morceau de ciel depuis la cour pour toujours. Et pourtant. Esmeralda – il se souvenait de son nom, maintenant – fit preuve de beaucoup de bonté ; elle avait à peine haussé le ton et ne semblait pas chercher la guerre, se contentant de quelques avertissements. Qui plus est, son discours tenait la route. Le chef du nord n'était absolument pas sur ses terres, il jouait déjà dangereusement sur l'échiquier et la reine adverse était aux aguets.
Les chats n'aiment pas la circulation. L'asiatique levait les yeux sur l'animal qui ne semblait qu'à peine perturbé. Ce dernier revenait se nicher maladroitement dans le creux de son cou. Somerset n'avait pas bougé d'un cil, il était comme subjugué. Esmeralda représentait cette face huppée de la société qui n'ont pas à se soucier d'avoir à payer leur loyer mais en dépit de cela, elle était une belle femme. Ses yeux était perçants, profonds. Il en découlait quelque chose d'affreusement puissant et mélancolique à la fois, comme si elle puisait sa force de ses souffrances. Il en souriait intérieurement. Qui n'est plus ainsi, désormais ? Equilibrium est un génocide. On tente d'y renaître de ses cendres mais les pièces du puzzle resteront incomplètes.
« Je voulais simplement m'assurer que l'Est était toujours au plus haut de sa réputation. »
Lançait-il, las. Il se dégageait de sa poigne. Hannibal n'avait cependant pas encore eu vent du pouvoir de sa rivale ci-contre mais il ne valait mieux pas trop chercher la bête qui dort. Si elle avait été élue au plus grade, ce n'était sans doute pas par hasard. Enfin. Lui avait réussi à monter en haut de l'échelle grâce à ses contacts et son charisme. Ses capacités étaient loin de dépasser la moyenne. C'était un type fort, banal, un ancien taulard, un désespéré.
« Ma foi j'ose espérer que vous êtes assez civilisés ici pour ne pas abattre un pauvre homme avec son animal... Chez moi, vos talons se seraient retrouvés scindés en deux à la seconde qui aurait suivi votre intrusion. »
Il pointait les hautes chaussures de l'index un peu dubitatif. L'asiatique n'y comprenait rien à la mode, décidément rien. Quand Ellen l'emmenait dans les boutiques il traînait des pieds. Mais dès qu'elle sortait de la cabine avec une nouvelle robe, il retombait amoureux, encore et encore.
Au sommet du monde, l'oxygène se raréfie ; tu es devenue maître dans l'art de retenir ta respiration. Il est grand, Hannibal - du genre qui se cogne aux plafonds & qui peine à se tenir droit, de ceux qui doivent se plier en quatre pour rentrer dans le moule de la société d'aujourd'hui. A l'échelle du spectre social, il est ton exact opposé : il est morne là où tu es lumineuse, creusé par ce manque perpétuel qui caractérise les défavorisés de la vie. Ce sont deux univers qui s'entrechoquent ; le vernis de la grande bourgoisie contre la laideur du reste de la population - ni noir ni blanc, tout en nuances de gris : il est de ces gens qui ont oublié les couleurs. A bien y songer, cet homme a quelque chose de misérable - l'agressivité tyrannique à laquelle tu t'étais préparée semble lui faire défaut ; dans ces yeux ectoplasmiques, tu ne lis que de l'accablement - de ces fatigues inhérentes que le sommeil n'apaise pas. Ca te ferait certainement de la peine si tu n'avais pas si bien appris à te méfier de tout un chacun ; on ne devient pas chef de gang en faisant preuve de compassion. Tu es dure, Esmeralda - autoritaire & exigeante comme il se doit ; ton amertume minutieuse est dénuée de cruauté, pourtant.
Ton vis-à-vis se dégage aisément de ta poigne - tu ne le retiens pas, laissant ta main retomber gracieusement le long de ton flanc. Je voulais simplement m'assurer que l'Est était toujours au plus haut de sa réputation. Tu ne réponds pas, le jaugeant toujours d'un regard égal ; ma foi j'ose espérer que vous êtes assez civilisés ici pour ne pas abattre un pauvre homme avec son animal. Tu arques un sourcil ; il serait particulièrement idiot de ta part de réduire l'un de tes principaux rivaux à ce sobriquet ridicule. Leçon numéro un : ne jamais sous-estimer son adversaire. Chez moi, vos talons se seraient retrouvés scindés en deux à la seconde qui aurait suivi votre intrusion. Tu jettes un coup d'oeil distrait à tes escarpins - des louboutins de la dernière collection, d'un vermillon éclatant qui s'accorde à merveille avec ton rouge à lèvres ; deux morceaux de cuir qui équivalent à six mois de salaire aux yeux de l'employé lambda. Ce n'aurait pas été particulièrement dommage - tu en possèdes trois autres paires, abandonnées dans un placard depuis des mois. Tu ne prends même pas la peine d'avoir l'air offusquée ; c'est rien d'autre que de la menace de collégien, pas joli-joli & surtout pas glorieux - c'est tout juste si tu ne lèves pas les yeux au ciel, tes lèvres toujours étirées en un sourire plastique.
- Je ne tirerais pas sur le chat, tu annonces complaisamment. Toi, en revanche, ça reste à voir. Si tu n'es venu que pour tenter de m'intimider, tu peux t'épargner cet effort : ça ne marchera pas. Tu redresses la tête, dans une avalanche de cheveux roux. Il serait sans doute profitable à nos deux camps que nous restions civils, tu ne penses pas ?
MUSIQUE – Quelque part, ça te rassurait. Ca te rassurait d'avoir une rivale digne de c'nom. Il y a quelque chose d'ennuyeux à être à la tête d'un clan : jamais personne n'ose véritablement vous défier. Par peur, par respect ou par principe, on donne toujours des excuses pour exploser les petits membres insignifiants et pour ne jamais s'en prendre personnellement à celui qui tire les ficelles. Qui plus est, ton rôle se limite essentiellement à donner des directives, le reste de tes jours se passent au fin fond du bidonville, caressant avec indolence le premier chat prêt à faire sa sieste sur tes cuisses. Loin de là l'image du patron qui risque chaque jour sa misérable existence, qui pourrait se faire tirer dessus au premier coin de rue. T'as toujours eu cette sensation que les gangs n'sont jamais plus qu'des groupes de gamins qui n'ont rien d'autre à foutre, des pseudo anarchistes égarés et désemparés. Ou peut-être que c'était seulement le Nord, ça. Tous ces pauvres, ces rebuts de la société rassemblés dans une seule et même unité. T'étais réaliste : tu n'serais sans doute jamais de ceux qui arriveront au sommet. Peut-être que tu filerais un coup de main à un autre chef, que t'arriverais à gagner une petite notoriété mais tu t'apprêtes à rentrer tous les soirs dans cette même baraque délabrée qui fait peine à voir, qui sent le pâté pour chat. Quelque part, tu riais de ta situation, tout comme tu pourrais en pleurer.
Esmeralda était si petite et te semblait pourtant si grande. Elle t'impressionnait, c'était tout c'que tu pouvais en dégager. Elle te clouait le bec en moins de deux et te voilà bien silencieux. Faible. Incapable. Stupide. Mauvais. Ta réputation, tu la méritais. Et elle ? Il serait sans doute profitable à nos deux camps que nous restions civils, tu ne penses pas ?
Lançais-tu, las. Il y avait un fossé presque infini entre vos deux personnalités. Esmeralda articulait, parlait doucement, distinctement, avec une certaine sévérité mêlée à une justesse incroyable. Et à l'inverse, toi. Toi avec tes mots mâchés, ton regard endormi et ton allure mollasse. Le portrait était ridicule.
« Disons que je ne m'attendais pas à tomber sur vous si facilement. Le monde est petit. Je n'ai aucune raison de vous chercher les emmerdes v'savez m'dam'. »
Tu semblais un peu embêté. Il y avait d'quoi, après tout. Tu passais ta main derrière ta nuque et la frottais machinalement, hésitant même à la regarder dans les yeux. C'était assez différent de la petite chef du Sud, qui elle, ressemblait plus à une pierre précieuse. Esmeralda c'était quelque chose de fort, de brut, quelque chose qui se façonne à sa propre manière.
« ... Vous sauriez où j'peux trouver des fleurs, par hasard ? »
Tu raclais ta gorge. Dire qu'elle pourrait te tuer pour avoir changé de sujet pour ça.
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