Qu'est-ce que t'as à sourire tout l'temps ? Qu'est-ce qu'il a d'si amusant ? Pourquoi t'es si heureux, pourquoi t'es la joie incarnée, pourquoi t'es l'bonheur, pourquoi t'es tout c'qu'il y a d'rassurant, d'bon ? Pourquoi, pourquoi ?
T'as pourtant pas la tête de l'emploi avec tes grands yeux provocateurs et tes tatouages sombres, ça non. T'as juste l'air d'ces fichus voyous qui préfèrent s'fumer un joint, pas d'ceux qui écoutent attentivement le cours. Et pourtant... Et pourtant malgré ces fichues apparences, t'es quelqu'un de foncièrement bon, un rayon de soleil avec un sourire indestructible. Tu prends la vie au sérieux quand cela se doit et tu sais prendre ton pied, t'amuser. Tu sais écouter les autres et les conseiller, même les consoler. Tu n'laisses jamais quelqu'un de côté, tu es aux p'tits soins que t'en oublies parfois de t'occuper de toi. Un vrai petit bout d'chou, vous m'direz. C'n'est pas faux, t'es attachant comme pas deux et tu comptes tes ennemis sur le doigt des mains. Oui, parce que des ennemis, on en a toujours. Certains disent de toi que, dans l'fond, t'es juste un sacré manipulateur, un mec qui, avec ses joues creusées et ses dents apparentes, pourrait faire s'écrouler tout un monde. C'est vrai qu't'arrives à tes fins assez aisément, tu n'as jamais trop d'mal à t'accaparer la confiance d'autrui mais jamais – ô non jamais – tu n'pourrais trahir qui que ce soit. Parce que t'es un gars comme ça, un gars fidèle, avec des valeurs. T'as le cœur sur la main mais on vit dans un monde plein de mensonges que c'est difficile d'y croire. Mais tu l'conçois. La vérité c'est que tu n'cherches jamais à ce que les gens te
croient, c'est eux qui finissent par s'en convaincre. Tu joues simplement la carte du naturel, mettant loin de toi les overdoses de drama et d'histoires un peu tordues. Ta vie, tu la préfères simple, avec des rebondissements ci et là pour casser l'ennuyeuse petite routine, mais jamais rien de bien méchant pour déferler un torrent de larme et des hurlements de rage. Non tu n'en arriveras jamais là – ou tout du moins tu l'espères.
T'aimes pas spécialement qu'on se soucie de toi mais dès qu'on le fait y a ton cœur qui bat contre ta poitrine. T'aimes pas non plus le sucré, tu préfères le salé, mais ça c'est qu'une question de goût. T'es toujours là, à essayer d'arracher des sourires même sur le visage des âmes bâillonnées. T'aimes bien être à l'origine du bonheur des autres, c'est ta part de narcissisme. T'es motivé et tu te laisses pas abattre même si t'as mal, et quelque part, c'est ce qui te rend unique. Le monde, tu l'connais. Mais lui te réduit vite à l'état de parfait inconnu. Tu n'trouves pas trop – c'est difficile de briser la glace qui s'est formée derrière ta joie de vivre éclatante. Mais qui s'douterait qu'tu puisses être malheureux,
vraiment malheureux ? Qu'toi aussi, t'aurais bien besoin d'une épaule, parfois. Qui sait. Peut-être bien que si ça arrive, tu oseras franchir le pas et demander d'l'aide mais jusqu'à maintenant, tu as toujours eu à te débrouiller seul et tu t'es accoutumé à ce rythme de vie – tu ne te vois pas exister autrement.
T'es ouvert sur tous les plans. Tu croques la vie à pleine dents et t'es un sacré joueur. Tu passes ton temps à taquiner les autres – parfois c'est chiant, mais beaucoup se laisse emporter par tes rires. Des gages, des actions ou vérités, des devinettes. Tu en raffoles. Quelque part en toi, malgré ton amour pour le calme, tu aimes vive dangereusement. Paradoxal ? Vous allez en voir de toutes les couleurs.
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un mètre soixante-quinze à tout casser – pas bien gros – des tatouages ci et là – piercings dont un qui lui a arraché un bout d'oreille lors d'une chute – style assez grunge et aléatoire – cheveux bruns – yeux gris – ce putain de sourire qui va t'achever – hermaphrodite vrai, c'est-à-dire qu'il a le sexe masculin et un sexe féminin, il possède également des hanches de filles mais vu qu'il a mué et qu'il a conservé son torse, il a décidé de se considérer comme un homme, paraît qu'ça plait de toute façon, cette ambiguïté.
« Comment tu te sens, Nausicaa ? »
« Je ne suis pas sûr mais... Je crois que je me sens libéré. Je crois que je suis libéré du poids de la vie, du poids de la mort. Je crois que... Je crois que j'ai compris toutes ces choses insensées. Je crois que... Je crois que je vais pouvoir achever ma mission à bien. Je n'ai plus peur. Le devrais-je ? »
« Non, non. Tu es parfait, ne t'en fais pas. »