histoire - Attila, toi qui cherche sans relâche à travers les dédales des rues oubliées et des rues trop fréquentées. Tu cours et tu souris, tu ère et tu espère. Tu t'efforce de retrouver ces deux femmes qui t'ont élevé, N. & W., celles qui ont disparu il y a maintenant des mois.
Elles qui t'ont sorti de la rue, nourri, aidé, protégé, appris à survivre. Elles qui t'ont aimé et mit un crayon dans la main. Elles qui t'ont donné la première pierre pour construire le reste de ta vie.
Le contrat avait toujours été net et précis : tu avais grandi avec l'incertitude de les revoir à chaque livraison, chaque mission, chaque combat. Mais les mots les plus répétés sont ceux auquel on croit le moins.
Lorsqu'elles ne sont plus revenues tu ne t'y attendais pas.
Et soudain les rues, pourtant si familières, semblaient infinies dans tes recherches effrénées. Les heures et les jours se sont confondus, les visages se sont tous ressemblés.
Puis la douleur et la peur sont devenues sourdes et, à présent, tu les cherches l'esprit clair et alerte.
Tu ne peux plus peindre. Les pinceaux que tu maniais si bien avec son esprit ne se lèvent plus. Les toiles inachevées n'ont pas bougé du petit atelier attenant à ta chambre.
W. n'est plus là pour vendre tes tableaux aux marchands d'art, aux galeries de Grayham ou aux riches particuliers d'Andromeda ou Aeon, férus de nouvelles toiles.
Tu ne veux pas reprendre sa place, et tu laisses tes pinceaux durcir et tes toiles s’empoussiérer.
Tu préfères te glisser dans les bras d'inconnus, leur vendre tes qualités d'amant et ton corps vibrant de jeunesse.
Tu aimes leur plaire, tu aime la simplicité de leurs mains sur ton corps et la liberté de les choisir ou non.
Les gens te regardent souvent avec cet étrange mélange d'attendrissement et de pitié. Ces anciens clients de tes mères, ces voisins, ces amis, ces gens de pouvoir et ces gens sans argent.
Tu ne travaille pas pour eux, tu ne fais que passer, tu souris et tu ris, tu leur demande des nouvelles et tu attends qu'ils t'en donnent de N. &W. Ils n'en ont pas.
Ils te croient courir après une chimère.
Mais toi tu sais, tu sens, que tu les retrouveras, et qu'elles n'attendent que toi.
La folie douce, d'un enfant qui refuse de grandir, te pousse vers l'avant.