Acier impénétrable, esprit insondable, tu n'es plus que médiocrité en tout ce qui nous rend humain, en tout ce qui nous rend appréciable. Frontières flouées, bordures indéterminées, ta conception du bien ou du mal n'est que variante selon ta nécessité ou plutôt celle de tes tortionnaires. Tu ne poses plus de questions, tu n'en as plus l'utilité alors que seul l'objectif t'importe à toi traqueur des temps modernes. Libre arbitre brisé, décapité de ton propre gré, tu renies ce que tu aurais dû à jamais être, à jamais rester. Devoir aujourd'hui divergeant mais non pas incompatible avec ton essence, avec ce qui te rend unique comme chaque mortel. Cela ne t'empêche d'être un prédateur aux crocs exigeants, chasseur subtile et bien trop déterminé. Tu n'as jamais considéré l'échec comme une alternative viable, crachant sur la simple idée d'accepter cette éventualité. Seul la victoire t'importe, obtenue par la pire des méthodes ou non tant que l'ordre est accompli.
Tu n'en restes pas moins un anodin mortel, modelé depuis sa naissance pour vivre avec tes semblables malgré une empathie décadente. Malgré un cynisme qui n'en devenait qu'étrangement bien trop envahissant et insupportable, malgré une amertume inqualifiable vis à vis de ce misérable monde. Tu n'es que magma sous la cuirasse d'acier, tempérament acide qui n'est que bon à être évité, corrosif à souhait crachant ton venin qui ne cesse de suinter de tes crocs. Pragmatisme perturbant, tu as beau encore avoir le don d'éventuellement t'attacher à tout autre être, rien n'est irremplaçable à commencer par toi et tu le sais si bien. Élément troublant, annihilant doucement mais sûrement ton humanité, chose désacralisée qui vagabonde encore et encore sur ce canevas du destin. Tu brises, rompt, arracher, détruit chaque parcelle, chaque composante qui te déplaît car tu n'as plus que ceci à faire, car c'est l'unique obligation de ton existence. La seule chose qui te permet de survivre, d'être libre.
Immoral, au caractère anormalement abyssal, tu es ce que tu n'aurais jamais dû être. Être souillé à la rage démesurée, tu cours après toutes ces proies t'enfonçant un peu plus en cet obscur océan, baignant en tes propres larmes. Ton brasier n'empêchant peut être d'autres de verser un sanglot face à la bête que tu es devenu même si tu assumes silencieusement ton fardeau.
we all got our choices to make
« - Lazarus, qu'est ce que tu as fait ? »
Prothèses mécaniques enserrant ce verre, fissures se dessinant sous la pression tandis que tu le portais à tes lèvres. Le temps était donc venu, celui d'assumer chacune de tes erreurs, pour le pire là où il ne pouvait avoir de meilleur en une telle situation. Ta voix se laissant donc ouïr alors que tu effleurais ton arme de tes synthétiques doigts, tu soupiras en annonçant ceci.
« - J'ai fait un pacte avec le diable... Je vous traque, je suis libre. »
Un simple silence trônant en cette pièce alors que tu savais qu'il n'accepterait jamais la reddition toujours aussi fidèle à celui qu'il avait été, il n'y avait plus qu'une seule et unique alternative. Souhaitant lui laisser malgré tout l'initiative alors que tu entendais ces sonorités liées à revolver que l'on charge, tu conclus par ceci alors que cette ultime entrevue allait toucher à sa fin.
« - On a tous des choix difficiles à faire.. Quel gâchis. »
C'est ainsi que tu te retournas, la poudre et le fer finissant par parler alors que la balle se heurta sans espoir à l'épais blindage qui symbolisait ton humanité partiellement abandonnée. Tu appuyas sur la détente à ton tour, une gerbe de sang succédant ton acte tandis qu'il finit par s'écrouler en un bruit sourd. Tu les avais trahi, l'on t'avait acheté, tu t'étais vendu.
On dit que tout a un prix en ce monde finalement Ragnarök avait trouvé le tien, finalement tu n'étais plus libre mais simplement dompté. Un simple pion démembré, une carcasse hybride qui se devait de servir qu'importe l'ordre, qu'importe le tribut. Amené à servir la justice, que reste il de celui qui autrefois avait choisi de défier l'Etat hormis des lambeaux de chair mêlés au métal inoxydable. Chaleur et étreinte glaciale mariés dans le but de traquer, débusquer voir assassiner en cas de menace trop dérangeante ou plutôt par simple légitime défense. Tu es l'égide de Ragnarök, un corps autrefois mourant à qui l'on a offert un second souffle, un captif dont l'offre qui lui fut proposée ne pouvait être refusée. Un chasseur qui a vendu son honneur pour quelques parcelles de ferraille, pour ne pas finir entre quatre murs miteux. Le chassé était devenu le chasseur mais à quel prix ?