Tu nettoyais une table, vidée de ses clients il y a quelques minutes à peine. Comme à ton habitude, tu les avais accueillis avec ton sourire lumineux et ta joie de vivre naturelle, et les as salué avec une douceur sincère lors de leur départ. Tu savais t'y prendre avec les clients, et ce malgré les quelques erreurs que tu peux faire.
C'était une journée de travail normale, banale, qui ne change pas vraiment de d'habitude. "L'instant Parisien" n'est pas très peuplé en cet après-midi ensoleillée. Les gens passent, profitent de l'ambiance si particulière du quartier que l'on dit multiculturel. Ce n'est pas encore l'heure pour eux d'aller prendre une pause dans un café, il est encore trop tôt. Tu arrêtes de frotter la table avec ton chiffon, regardant par la vitre. Voir ces gens sourires te faisait du bien, mais tu espérais que l'un d'entre eux rentre pour pouvoir t'occuper. Tu n'aimes pas vraiment les journées où il ne se passe rien, et apprécie de voir le café bondé, quitte à être surchargée de travail. Mais qu'importe, tu aimes ton travail qui te permet d'arrondir tes fins de mois. Car ce n'est pas en étant valkyrie que tu arriveras à bien gagner ta vie... A quand l'augmentation du salaire au sein du Valhalla ? Car mine de rien, vous faîtes un travail assez dangereux. Les autorités peuvent vous attraper et vous faire subir des interrogatoires forcés. Pour le moment, tu n'as jamais eu ce problème, arrivant à t'échapper ou bien à sortir ton plus beau sourire pour passer sans te faire arrêter. Tu ne penses pas que tout les gens du Ragnarök soient des ordures, comme le prétend tout tes collègues du Valhalla. Ils restent des humains, c'est tout, et ils ne font que leur travail. Peut-on leur en vouloir ?
Tu étais perdue dans tes pensées et n'entendit pas la clochette qui sonne à l'entrée de quelqu'un. Tu ne te rendais pas non plus compte que tu avais repris le nettoyage de la table, en frottant mécaniquement et sans grande conviction la même surface depuis tout à l'heure. C'est le patron de l'établissement qui te rappelle à l'ordre en tapant gentiment sur ton épaule. « Et bien ma petite colombe, on dort ? » Tu sursautes et le regarde avec un sourire gêné. Tu rougis, un peu honteuse de t'être fait prendre ainsi. « Heu excusez-moi, je me reprends tout de suite ! » Tu te ressaisis en lui répondant d'un ton enjoué et énergique, ce que tu es habituellement au travail. Le patron souris. C'est un homme d'une quarantaine d'année, français et qui a conservé son accent. Il parle bien anglais, mais ses origines sont vites trahies. Il est un peu enveloppé, connu pour sa gourmandise légendaire, mais ça lui donne une apparence de nounours. Et c'est ce qu'il est, un homme d'une grande gentillesse et qui pardonne les erreurs. C'est sûrement pour cela qu'il t'a gardé avec lui.
Tu retournes donc à ton travail et apporte au client la carte des pâtisseries et autres viennoiseries, ainsi que boissons spécifiques à l'établissement. « Bonjour, belle journée n'est-ce pas ? Avez-vous une idée de ce que vous voulez ou bien voulez-vous plus de temps pour choisir ? » Tu lui sors un sourire rayonnant, celui que tu as habituellement et qui montre ta joie de vivre. Tu regardes plus attentivement le client et remarque qu'il n'est pas vraiment comme les autres : sa tenue est vraiment distinguée et très particulière, faisant penser à l'aristocratie d'années passées dans les pays européens, ses yeux sont maquillés, une corne sort de son front et une paire d'ailes noires siège dans son dos. Un être plumé, comme toi. Ta curiosité est piquée au vif, et sans t'en rendre compte, tu restes à le fixer de tes grands yeux turquoise, comme si tu attendais quelque chose de sa part.
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