On touche les fesses des filles [ft Hanni]

Tu n'avais rien à faire dans une galerie d'art. Pas parce que tu es un rescapé de prison, pas parce que tu es un chef de gang, pas parce que tu es un présumé assassin mais tout simplement parce que tout te désintéresse.
Tu avais été pris dans un élan de nostalgie. Il y a quelques années, Ellen te traînait voir des tableaux blancs avec une tâche noire au milieu. Elle en cherchait le sens philosophiquement tandis que toi tu préférais regarder ailleurs en exhibant ta haine pour l'art. Mais c'était comme à chaque fois. Une fois dedans, tu ne faisais que pousser des soupirs d'exaspération, dérangeant les quelques passionnés qui se promenaient entre les différentes pièces – étaient-elles vraiment différentes, dans le fond ?
Tu traînais des pieds, on y entendait que toi, tes râles et ton souffle exacerbé.

Puis tu ne savais pas trop. C'était flou, peu sûr. Il s'était passé quelque chose, mais quoi ? Ni signe de drogue, ni alcool, mais tu avais pourtant réussi à piquer un somme dans un coin de l'exposition, quelque part entre deux statues ridicules. Lorsque tes yeux s'étaient rouverts, tu étais plongé dans la pénombre. A vrai dire, tu ne te serais même pas éveillé si quelqu'un n'était pas en train de tambouriner contre quelque chose de métallique. C'était emmerdant, putain.

Tu te dirigeais vers la sortie et visiblement tu n'étais pas le seul à t'être perdu avec Morphée. Contre le mur, un type aux cheveux blancs qui jouait avec le feu. Visiblement un altered – oui on peut m'applaudir – et sa tête te disait vaguement quelque chose, mais quoi donc ? Qui ?

« Oy t'es pas obligé de brailler. »

Tu te grattais l'oreille avec le petit doigt avant de t'approcher de lui. Tu lui tapotais la jambe avec le bout du pied. « Et tu devrais accessoirement te lever ou tu vas faire sonner l'alarme. Ce serait con de se faire attraper parce qu'on nous a pris pour des voleurs du dimanche. »

Tu pointais du doigt les différents rayons lasers qui balayaient la salle, à proximité des différentes œuvres. « Sauf si c'est ce que tu es... »

Super.

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Tu venais à peine de te pointer qu'il t'accusait déjà d'être le plus louche des deux. Tu haussais un sourcil ; le trouvant foutrement culotté. Quelque part, il n'avait pas tord. Avec ton air nonchalant, tu faisais penser à ces camés qu'on ramassait dans les rues du nord, ces types cernés qui sentent la mort. Oui, peut-être que toi, tu sens bon, et c'est ce qui fait la différence. Tout du moins, tu prends le temps de te laver. C'est pas parce que t'es pauvre que tu te retrouves sans douche ni hygiène de manière générale, merci bien. Et pourquoi est-ce que je devrai obéir à un type louche comme toi, hein ? Alors là. Tu le prenais mal. À tous les coups ce mec était un fichu raciste, il suffisait qu'on voit tes yeux bridés et qu'on t'appelle ching chong, qu'on pouvait pas trop faire confiance à tes sushis – attention, ça risquerait d'être du chat, hein. Tch.
Je n'ai pas besoin de l'aide d'un plébéien. Un quoi ? Plébé ? Plébét.. pléb... Tu grimaçais. Ce bougre ne parlait définitivement pas anglais. C'est quoi ce truc ? Une autre façon d'appeler un asiatique ? Putain mais il veut la guerre, tu en es sûr.

Ou pas tout à fait, après réflexion.
En effet, l'individu passait à autre chose. Sur le problème principal : trouver un moyen de sortir d'ici. A en croire ses dires, ce n'était pas une flèche lui non plus. Vous voilà dans de beaux draps.

« Des gens comme toi ? Des grands ahuris aux cheveux blancs ? »

Tu claquais ta langue contre ton palais. « Crois-moi les flics sont aux aguets. J'participe pas à ça, y a forcément un autre moyen de sortir sans faire sonner quoi que ce soit. »

Tu le pointais du doigt et le regardais sérieusement. « Mais pour ça va falloir faire équipe, ok ? Mh. Soupir. Je n'aime pas avoir à faire ça, surtout qu'tu m'as l'air d'être... dans un gang. Tu préférais ne pas aller plus loin, ce n'était pas le moment de se chercher, tu n'étais même pas sur ton territoire, ce qui rendait bien entendu la situation délicate. Si tu foires, je me fais coffrer aussi, et j'y tiens pas spécialement. »

Une fois a suffit.

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Ce mec était un vrai personnage, t'avais franchement du mal à imaginer qu'il ne soit pas dans un gang. Car s'il ne l'était pas, il serait sans doute un artiste incompris, ou un galeriste. Mais même cette option te laissait relativement perplexe car, si ça avait été véritablement le cas, il aurait pu trouver un moyen de sortir d'ici sans penser à tout faire exploser : à moins que ça ne soit pas jalousie des autres créateurs ? Franchement ton cerveau était en train de fumer tellement tu réfléchissais à des situations alternatives et tu ne comprenais pas ce gars-là avec sa dégaine louche et sa canne de vieillard. Tu soupirais longuement. Tout faire exploser reviendrait au même, que les caméras soient présentes ou non. Les lieux doivent être protégés par des espèces de détecteurs de mouvements ou... Tu n'en savais rien. Tu t'y connaissais décidément pas en sécurité alors là...

Mais t'avais pas spécialement envie de te confronter à ce type non plus. Quelque chose te disait qu'il était dangereux et tu tenais pas à le vérifier maintenant alors.. Si cela peut lui faire plaisir et qu'il te fiche la paix, tu étais prêt à prendre un risque.

« On peut tenter... »

Tu absorbais l’électricité d'une des caméras au coin de la pièce jusqu'au creux de ta main avant que l'énergie ne disparaisse à l'intérieur de ton épiderme. Mais la seconde qui avait suivi était inattendue : des lasers rouges venaient étouffer la totalité de la galerie, tu pouvais en voir certains se déplacer plus loin.

« .... oops. »

La vérité, c'est qu't'avais bien envie de te cogner toi-même en jurant. Mais la position dans laquelle tu te retrouvais – digne d'une partie de twister – t'obligeait à devoir garder ton calme.

« ... est-ce que... Tu as une idée ? »

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