// red & blue
tu es ébréchée. tu n'as pas encore réussi à te rabibocher. tu prends du temps, trop de temps.
il fallait te rendre à l'évidence, tu ne seras jamais prompte à le faire.
tu courbes les yeux au sol en terre battue. tu as honte de toi & de tes sentiments de femme en détresse. vertu, douleur, pensée, espérance, remords ; ce cycle antagonique se réitère depuis deux ans. tu en as marre de courir après l'ataraxie, tu es tombée tellement bas que plus personne ne te voit. tu as la perception de porter une couronne d'épines depuis ta naissance & qu'elle ne te sera à jamais retirée. à jamais.
l'eau te frappe ; frigide & véhémente. même la pluie se bafouait de toi.
tu as voulu vivre ainsi, sans penchant & sans animosité. tu as fermé ton âme brisée au désir d'être laissée pour morte - parce que oui, tu fais la morte pour ne pas mourir. avant tu aimais la pluie, elle te réconfortait quand tu étais enfant mais maintenant elle ne fait que de te renvoyer le reflet de ta thébaïde excessive. tu couvres ta figures de tes deux mains gelées, chiffonnées & tu comptais les erreurs ; tes erreurs, ses erreurs, leurs erreurs. tant de blessures, tant de deuils pour une seule & unique personne : toi-même.
il pleut de plus en plus & toute cette eau ne t'aidait pas à ressasser ta déréliction. non, elle te purifie presque de la souillure suprême, celui d'être venue au monde. rien ne dépasse la douleur de se sentir vide, dénuée de tout sens. c'est dur. même pour toi, nemesis, même pour toi.
rappelle-toi qui tu es, rappelle-toi de ce que tu t'étais promis. rappelle-toi.
tes mains pâlichonnes & succinctes se serrent. tu toques à sa porte. tu ne sais pas pourquoi lui mais tu as besoin de quelqu'un, n'importe qui. quelqu'un qui réponde à ton appel. lorsqu'il ouvre la porte, ta chevelure délavée, éclaboussée rendait ton apparence morbide & du mascara coulait sous tes paupières rougies par les pleurs.
j'ai besoin de toi. j'ai besoin de quelqu'un. j'ai besoin de croire que je ne suis pas toute seule. tu reprends en reniflant.
... s'il te plaît, coma.tu n'as plus de larme à verser aujourd'hui.
ce qu'il restait de ton cœur a explosé en trop de fragments pour pouvoir les compter.
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